Une récolte 2011 « historique »
Malgré quelques bons indices à l’export et sur le marché de la transformation, ainsi qu’une bonne tenue de la consommation, les producteurs de pomme de terre ne devraient pas éviter une chute des cours lors de cette campagne très abondante.
«Une campagne à marquer d’une pierre blanche », titrait récemment le bulletin du CNIPT (Comité interprofessionnel de la pomme de terre), commentant le bilan de la campagne 2010-2011. La saison 2011-2012 ne sera peut-être pas à marquer d’une pierre noire, mais elle ne saurait être comparée, en aucune façon, avec la précédente. Celle-ci avait été caractérisée, dès le départ, par une faible récolte en France de 4,54 millions de tonnes (Mt) contre 4,75 en 2009 (soit quelque 4 % de moins), comme dans le nord de l’Union européenne et encore beaucoup moins dans les pays de l’Europe centrale, en particulier la Russie frappée par des conditions climatiques calamiteuses.
Cette année, les conditions diffèrent considérablement. Stimulés par les hauts prix de l’an dernier, les emblavements ont progressé en France comme chez les grands producteurs du Nord-Ouest de l’UE ; et surtout, le rendement atteindrait selon le NEPG (organisation qui représente les professionnels de cette zone), 47 t/ha, tonnage le plus élevé depuis six ans. Ces deux facteurs mèneraient à une récolte potentielle « historique » de 25,6 Mt, + 6,8 %. En ce qui concerne plus particulièrement la France, les experts du ministère de l’Agriculture prévoient une production de 5,56 Mt, supérieure de 14 % à celle de 2010 et de 12,5 % à la dernière moyenne quinquennale. On peut donc parler de surabondance aux plans national et communautaire, tandis que le dégagement à l’exportation, domaine dans lequel la France excelle, va se trouver sensiblement rétréci. En 2010-2011, les sorties françaises ont atteint 1,96 Mt, deuxième meilleur chiffre après 2009-2010 et record absolu en valeur avec près de 506 millions d’euros (312,5 la campagne précédente). Cette campagne, il y aura des concurrents sur le terrain.
Le débouché vers l’Europe centrale se rétrécit
La France s’était illustrée en 2010-2011 par la progression de ses ventes sur l’Europe centrale qui retrouvera, cette année, des récoltes normales. Donc, ce débouché ne sera pas aussi ouvert cette saison, mais demeure porteur d’espoir car ces pays pourraient avoir pris goût à la qualité de notre production et nos prix leur seront bien plus attractifs.
Un autre débouché se révèle plus prometteur : celui de la transformation. En 2010-2011, les industriels ont mis en œuvre 1,1 Mt de tubercules (+11 %) et la consommation de produits transformés, notamment les frites surgelées et les chips, est en sensible progression.
Sur le marché intérieur du frais, la consommation des ménages s’est maintenue l’an dernier, malgré la forte augmentation des prix de détail, + 27,5 % en grandes et moyennes surfaces.
Mais ces quelques bons indices ne permettront pas d’éviter une chute des cours, car déjà, en ce début de campagne, les diverses variétés courantes s’affichent entre 100 et 120 euros/t départ bassin Nord, contre 250 euros l’an passé.