Un second semestre en demi-teinte
Si, en janvier, l’année s’annonçait plutôt favorable à la filière porcine française et européenne, c’était sans compter sur les conséquences de la crise financière mondiale.
La conjoncture est la principale responsable de la faiblesse de notre commerce extérieur. À une parité euro/dollar régulièrement défavorable se sont ajoutées l’absence de restitution à l’exportation ainsi qu’une baisse du pouvoir d’achat chez nos principaux clients. Selon FranceAgriMer, l’Union européenne a perdu des parts de marché au Japon (-18 % au premier trimestre 2009 par rapport à 2008) au profit des États-Unis (+7 %), du Canada (+8 %) et du Mexique (+12 %). Dans le même temps, les problèmes économiques rencontrés par la Corée ont pénalisé la consommation des ménages, d’où des importations en recul de près de 21 000 tonnes. Toutes les origines ont été touchées. De leur côté, les achats russes ont été tributaires de la forte dévaluation du rouble, d’où des envois européens en repli de 26 % sur les deux premiers mois de 2009 par rapport à 2008, tandis que les envois américains, canadiens et brésiliens reculaient respectivement de 60 %, 32 % et 73 %. À cela s’ajoute une reprise de la production chinoise, après les problèmes sanitaires rencontrés il y a deux ans, et par conséquent, une nette diminution de ses achats, de l’ordre de 43 000 tonnes, uniquement sur les deux premiers mois de l’année.
Le second semestre ne devrait pas être marqué par une inversion de tendance, tant les incertitudes demeurent quant à l’orientation de l’économie mondiale ces prochains mois. Ainsi, il est fort à parier que nos envois, comme ceux de nos voisins européens, resteront en dessous de leur niveau des années précédentes. Dans ce contexte, seules les demandes française et européenne en viande porcine semblent pouvoir influencer les niveaux tarifaires. Reste à savoir si celles-ci pourront absorber tous les volumes habituellement expédiés vers les pays tiers.
Un commerce annoncé fluide cet été
Sur ce sujet, les perspectives ne sont ni vraiment pessimistes, ni vraiment optimistes. Elles suivraient tout simplement la tradition.
Malgré la fermeture des collectivités pendant deux mois, l’été reste une saison propice à la consommation, surtout si le beau temps est de la partie. Pour FranceAgriMer, les cours français pourraient ainsi rejoindre leur niveau de l’an dernier. Ce qui ne serait pas négligeable pour les élevages, dont la santé économique demeure des plus délicates malgré des coûts de production et surtout des prix de l’aliment plutôt stables jusqu’à présent, et qui devraient le rester au moins jusqu’à l’annonce des résultats des très prochaines moissons.
Une bonne tenue de notre consommation est d’autant plus envisageable que les ménages semblent revenir à la viande de porc, suite à sa plus grande compétitivité sur les étals. Le prix moyen dans les grandes et moyennes surfaces se réajuste à la baisse depuis plusieurs mois, incitant les ménages à privilégier ces produits au détriment des autres viandes de boucherie. Selon les derniers relevés du panel TNS-Secodip, notre consommation de porc frais a progressé de 6,8 % en cumul de janvier à la mi-avril par rapport à la même période de l’an dernier. Dans le même temps, le prix moyen s’est installé à 6,05 euros le kilo, soit 2,2 % de moins en un an. Ces évolutions sont un peu moins significatives en glissement annuel ; sur 52 semaines se terminant le 19 avril par rapport à la même période un an plus tôt, les achats des ménages ont augmenté de 1,7 % pour un prix au détail autour de 6,53 euros le kilo.
La rentrée scolaire devrait aussi jouer en faveur d’une activation du commerce. Le dernier trimestre est souvent synonyme de net repli tarifaire, les besoins se repliant pour des disponibilités revues à la hausse.
Vers une production mesurée, mais pas insuffisante
Le niveau des offres sera d’ailleurs à surveiller de près ces prochaines semaines. Si la tendance demeure baissière, les replis ne semblent pas aussi importants que l’avaient espéré les premières prévisions. Selon l’Institut du porc, les dernières estimations pour l’année 2009 sont en recul de seulement 1,8 % dans les principaux bassins de production européens. Une tendance confirmée par les données de FranceAgriMer : le premier semestre n’a pas été marqué par une baisse des abattages : ces derniers ont progressé, de janvier à avril, de 4,3 % en Allemagne et de 0,4 % en France, ce qui a compensé en partie le recul de l’offre constaté aux Pays-Bas, au Danemark ou en Italie. Toutefois, une diminution des abattages reste envisageable ces prochains mois, surtout sur les derniers mois de l’année, faute de disponibilités suffisantes en amont.
Dans ce contexte, les prévisions restent à un redressement des tarifs, mais son ampleur demeure incertaine. De leur côté, les tarifs des découpes évolueront avant tout en fonction du niveau de la demande, d’où un manque évident de lisibilité, pour les abattoirs comme pour les grossistes. Ces derniers devront par conséquent surveiller de près le niveau de leurs marges, surtout si les perspectives de hausse des prix se confirment en amont de la filière.