Travailler la qualité et sortir de la guerre des prix par le haut
Selon une récente étude de l'ObSoCo, 82 % des Français feraient plus attention à la qualité des produits alimentaires qu'il y a cinq ans et 59 % seraient prêts à payer plus cher pour un produit meilleur. Des enseignements qui devraient faire réfléchir distributeurs et industriels. Certains ont déjà engagé une stratégie de montée en gamme pour échapper à la guerre des prix. Enquête.
L « a traçabilité et la composition des produits l'emportent aujourd'hui sur le prix », telle est l'une des conclusions de l'Observatoire du rapport des Français à la qualité des produits alimentaires, réalisé par l'ObSoCo (Observatoire Société et Consommation) et soutenu par l'Ania, la FCD et Intermarché. Conduite sur la base d'un échantillon de 3 500 personnes du 10 au 20 mai dernier, l'étude fait émerger une attente forte des consommateurs sur la qualité. 82 % des répondants ont déclaré faire plus attention, qu'il y a cinq ans, à la qualité des produits alimentaires qu'ils achètent. Ils sont une majorité (59 %) à affirmer privilégier la qualité quitte à payer plus cher. Si 40 % des Français interrogés disent devoir s'imposer des res-trictions sur leurs dépenses alimentaires, ce n'est qu'en dernière instance (notamment pour les plus modestes) qu'ils se résignent ” à rogner sur la qualité de leur alimentation. Pour définir la qualité, l'ObSoCo a testé quatre critères : la performance (qualités organoleptiques, dimensions esthétiques, symboliques) ; l'innocuité (sécurité alimentaire, traçabilité, bénéfices santé) ; la responsabilité (portées environnementales, sociales, sociétales) et la praticité (conditionnement, conservation, mise en œuvre). L'ObSoCo a également détaillé la perception des consommateurs sur sept familles de produits : fruits et légumes, produits laitiers, viande et charcuterie, produits de la mer, produits d'épicerie, plats préparés et boissons sucrées.
“ Le consommateur est plus préoccupé par sa santé
Les consommateurs semblent surtout privilégier la qualité sur les produits bruts. Elle est par exemple importante pour 71 % des répondants dans leurs achats de viande. « Le secteur de la viande est assez emblématique des changements de comportement alimentaire. Huit Français sur dix déclarent consommer moins de viande. Dans les années 1960, consommer de la viande était synonyme de réussite sociale et donnait de l'énergie pour travail-ler. Après les années 1960, les choses se sont inversées. Le consommateur est davantage préoccupé par sa santé. Alors, quand il décide de manger de la viande, il privilégie les labels, les signes de qualité. Il veut des garanties contre la souffrance animale, sur l'absence d'antibiotique, etc. », estime Nathalie Damery, présidente de l'ObSoCo.
Une image positive à valoriserLes consommateurs gardent néanmoins une image relativement positive de la qualité des produits alimentaires qu'ils achètent. Globalement, ils estiment qu'elle est même très légèrement meilleure qu'il y a cinq ans. Ils pointent toutefois des voies d'amélioration en particulier sur la sécurité alimen->> >> taire et sur la qualité environnementale et sociétale des produits.
Défaut d'informationL'acte d'achat ne reflète pas toujours cette attente du consommateur. Pour l'Ania, et l'ObSoCo, ce décalage est souvent dû à un défaut d'information sur la qualité des produits et à l'absence d'assurance qu'en payant plus cher on accède à coup sûr à de meilleurs produits. Surtout l'opinion reste divisée quant à l'acteur et au circuit de distribution les plus légitimes pour garantir la qualité des produits alimentaires. Les circuits traditionnels (hypers et supermarchés, hard-discounts, drives, etc.) perdent un peu de terrain par rapport aux « nouveaux circuits » de distribution, comme la vente directe, les Amap, les magasins spécialisés bio. Les Français ne sont que 50 % à faire confiance aux grandes marques et aux enseignes de la grande distribution quand elles mettent en avant la qualité des produits. Cette part augmente à 57 % pour les petits producteurs et à 56 % pour les artisans.
L'enjeu est fort pour les industriels comme pour la grande distribution. « Travailler la qualité des produits dans toutes ses dimensions, la signaler de manière crédible aux consommateurs est une manière pour les filières agroalimentaires et la distribution de sortir par le haut de la guerre des prix, en s'engageant résolument dans la voie d'une “ bonne consommation ” », conclut l'ObSoCo.