Tout cela est-il si choquant ?
Il est tentant de faire un parallèle entre le jugement de Nanterre et les ennuis judiciaires de la FNSEA, singulièrement de son ancien directeur Yves Salmon. Mais d’un côté nous sommes devant une affaire jugée et mise en appel, de l’autre en face d’un dossier à l’instruction. Dans les deux cas, la présomption d’innocence s’applique. On peut simplement dire ceci : personne n’a vu venir, au début des années 90, après la folie et souvent l’indécence des années 80, la profonde exigence de transparence de la vie politique et surtout de l’argent public ; et personne n’a vu s’installer cette posture morale dont on se moquait chez les Américains où elle avait pris les apparences du « politiquement correct ». Question de génération ? Sans doute, certainement même. Un observateur de la vie publique des 50 dernières années me faisait remarquer, au soir du jugement Juppé, qu’à l’aune du tribunal de Nanterre le général De Gaulle lui-même aurait fini avec 10 ans d’inéligibilité. Pour moi, qui avais 20 ans au début des années 60, je reconnais ne pas avoir été choqué par les méthodes des différents partis politiques, à gauche comme à droite. J’ai connu deux personnes qui vivaient d’un salaire d’emploi fictif : l’un et l’autre étaient de fort honnêtes gens, qui faisaient leur travail dans des structures qui n’avaient pas les moyens de les rétribuer d’une autre façon. Aujourd’hui, l’argent public est distribué directement aux partis politiques. Je ne vois pas toujours où est l’avantage de ce système.