Tentative de stabilisation du marché

On craignait que des gelées précoces dans la région du Corn Belt viennent affecter les cultures. On craignait aussi que l'excès d'humidité qui régnait dans le Middle West soit de nature à pénaliser les zones de production. Finalement, ces mauvaises conditions climatiques n'ont eu quasiment aucun impact sur le soja aux États-Unis. Les moissons qui viennent de commencer (réalisées à 10 %) contribuent à alourdir davantage la pression sur les marchés des oléagineux. Quelles que soient les sources, la récolte record US est partout confirmée. Les nouvelles en provenance d'Amérique du Sud vont dans le même sens. Les premières estimations du ministère argentin de l'Agriculture font état de 20 Mha de semis consacrés au soja pour la prochaine récolte (contre 19,7 Mha cette année). Sauf accident, elle s'élèverait aux alentours de 55 Mt, soit 1 Mt de plus qu'en 2014. De plus, le risque grandissant de la dévaluation du peso peut inciter les producteurs argentins à vendre en masse, et au plus vite, leur soja.
Si, sur le plan mondial, le marché européen du colza a su saisir ses chances lors des rebonds passagers liés à certains facteurs de soutien (euro, pétrole, huile de palme et parfois même soja sur le marché de Chicago), il n'en demeure pas moins sous l'emprise du poids des fondamentaux.
Production européenne recordLa lourdeur prend également sa source au sein même de l'Union européenne (UE). Alors que les surfaces n'ont pas évolué, voire même légèrement diminué, grâce à de très bons rendements dans bon nombre d'États membres (France, Allemagne, Royaume-Uni, Pologne, Roumanie et Tchéquie), la production européenne de colza atteindrait 23,57 Mt, un niveau jamais enregistré.
Concernant les produits, les cours de l'huile de colza n'ont cessé de se dégrader depuis le début de la campagne, mais ceux de l'huile de soja ont baissé encore plus vite. Résultat, l'huile de colza a récupéré des parts de marché au dépend de l'huile de soja. Cela contribue à rendre les graines plus attrayantes et ce d'autant plus que les tourteaux de colza sont également compétitifs. C'est un facteur de soutien qui permet au colza de résister, mais il n'est néanmoins pas de taille à renverser la tendance. Il faut dire que les graines ne manquent pas. À celles de l'UE, déjà abondantes, s'ajoutent celles de l'Ukraine et, plus récemment, celles d'Australie. Dans ce contexte, la trituration, comme l'estérification, malgré des marges rémunératrices, se montrent peu entreprenantes sur le marché, si ce n'est sur le marché à terme.