Retour des États-Unis sur la scène internationale
> L'USDA estime à 4 % le rebond de la production américaine par rapport à 2015, à près de 84 milliards d'œufs.
Au printemps 2015, la grippe aviaire frappait de plein fouet les États-Unis et, en particulier les États producteurs de poules pondeuses, entraînant abattages massifs et embargos. Selon le Département de l'Agriculture américain (USDA), 82,1 milliards d'œufs ont été produits aux États-Unis entre décembre 2014 et novembre 2015, soit 5,6 % de moins qu'un an plus tôt. En croissance jusqu'en mars, l'offre s'est ensuite effondrée s'affichant chaque mois entre 10 % et 12 % sous ses niveaux de 2014.
Des importations “multipliées par 3,5
” Une chute des disponibilités qui a rapidement été synonyme de moindre présence sur les marchés étrangers de la filière américaine et un soudain recours massif à l'importation. Selon l'USDA, les expéditions d'œufs et d'ovoproduits ont reculé de 19,4 % entre 2014 et 2015, pour s'installer à un peu plus de 3,8 milliards d'œufs équivalent coquille. Dans le même temps, les importations ont été multipliées par plus de 3,5 pour dépasser 1,48 milliard d'œufs équivalent coquille, dont 1,29 milliard entre juillet et décembre. Si le Mexique et le Canada ont tiré leur épingle du jeu grâce à leur proximité géographique, l'Union européenne à 28 (UE 28) s'est positionnée comme le principal fournisseur de dernière minute. L'Europe – et plus particulièrement l'Espagne, le Portugal et l'Allemagne – a surtout exporté des œufs coquille, l'ovoproduit communautaire ne traversant l'Atlantique qu'au dernier trimestre 2015, sous l'impulsion des Pays-Bas.
Les industriels européens ont toutefois profité d'un marché mondial moins concurrentiel. Selon la Commission européenne, les ex-portations de l'UE à 28 ont progressé de 64,1 % pour le jaune d'œuf, à 14 371 tonnes équivalent œuf (téo) et de 48,1 % pour l'entier, à 21 594 téo. En revanche, les ventes de blanc ont fléchi de 5,3 % à 116 121 téo. En cause, des envois à la Russie divisés par deux, mais aussi un repli de 10 % des ventes au Japon, destination qui a néanmoins multiplié par quatre ses achats de jaunes d'œuf.
Hausse de la production surtout au second semestreAujourd'hui, si les États-Unis subissent encore le contrecoup de la grippe aviaire, la filière voit sa production repartir à la hausse. L'USDA estime à 4 % le rebond de la production en 2016 par rapport à 2015, à près de 84 milliards d'œufs. Une hausse qui devrait avoir lieu dès le deuxième trimestre et s'amplifier tout au long du second semestre, au fur et à mesure de la reconstitution des élevages. Ce lent retour des États-Unis à leur potentiel de production a d'ores et déjà des effets sur le commerce international, et avant tout européen. Depuis la fin 2015, la filière américaine a fortement freiné ses commandes d'œufs coquille à l'UE à 28, arrêtant ses achats ponctuels pour ne plus traiter que ses contrats passés au début de l'été 2015, quand ils ne les ont pas abaissés, voire dénoncés.
En parallèle, l'USDA prévoit une reprise des exportations des États-Unis de l'ordre de 1 % à 3,84 milliards d'œufs équivalent coquille, les exportateurs cherchant à retrouver leur place auprès de leurs clients réguliers, comme le Japon, Hong Kong ou le Mexique.