Ressources américaines, ressources européennes
La domination des oméga 6 sur les oméga 3 dans nos assiettes se résumerait presque à celle du maïs et du soja, cultures d’origine américaine, sur l’herbe et le lin, dans l’alimentation des animaux d’élevage. Les porcs et volailles nourris hors sol dans l’Ouest de l’Europe se nourrissent en fait du sol brésilien, souligne Pierre Weill, président-cofondateur de Valorex et de l’association Bleu-Blanc-Cœur. L’agronome a acquis dans les années quatre-vingt sa conviction première, le lien entre l’équilibre du corps et celui du sol, grâce à deux succès scientifiques : des travaux suédois sur la synthèse des prostaglandines à partir des oméga 3 et 6, couronnés du Nobel, et le livre Fish, omega 3 and health du biochimiste américain William Lands. Ce dernier, lanceur d’alerte avant l’heure, prévoyait que les dépenses en médicaments viendraient compenser les erreurs des chaînes alimentaires. Pierre Weill et ses collègues ont voulu réhabiliter les graines sources d’oméga 3 disparues (lin, lupin, féverole, pois), au profit des animaux et des hommes. Une démarche philosophique et scientifique à l’épreuve du marché.