Responsable qualité : un manager aux fonctions multiples
Le responsable qualité idéal ? « C'est celui qui permet au dirigeant de dormir sur ses deux oreilles ! », plaisante Jean-Michel Cathala, directeur d'un cabinet de recrutement spécialisé dans l'agroalimentaire. À la lecture des offres d'emploi, on s'aperçoit vite d'une chose : la fonction est complexe. Gestion des réclamations, audits, certification IFS, BRC, Iso 22000, veille réglementaire…
Le responsable qualité est à l'interface de tous les services en interne et est en relation avec tous les aspects de la production en amont et en aval. De plus en plus, la sécurité et l'environnement font également partie du portefeuille de ses missions.
Pour réussir dans ces fonctions, le bagage technique est bien entendu primordial. Toutes les écoles d'ingénieurs forment leurs étudiants aux bases de la microbiologie, de la toxicologie ou ” encore à l'hygiène des procédés. Mais est-ce le seul élément indispensable ? Pour les experts la réponse est clairement non. « Tous les candidats que je reçois pour ce type de poste sont issus des mêmes grandes écoles et ont tous les compétences techniques. La différence, c'est le comportement », note Jean-Michel Cathala. Sur le terrain, la qualité est très présente dans les entreprises depuis le milieu des années 90. Les opérateurs l'ont maintenant intégrée. Mais elle peut encore être perçue comme allant contre les intérêts des autres services de l'entreprise, notamment la production.
“ Le responsable qualité est le meilleur vendeur interne "
« J'ai une certitude : le management est le levier principal de la fonction qualité. Le rôle du responsable qualité, c'est d'entretenir la motivation », explique Stéphane Mainguené, associé et formateur à l'Atelier du management. « Le directeur qualité, c'est le meilleur vendeur interne. Il doit avoir l'art de convaincre », poursuit Jean-Michel Cathala. Car la fonction a évolué et le poste s'est complexifié. « Un responsable qualité doit être capable de satisfaire tout le monde, en interne et en externe. Être un expert technique ne suffit plus. La relation à l'autre est primordiale », appuie Stéphane Mainguené. En dix ans, une « nouvelle génération » de cadres a fait son apparition selon lui. « Le responsable qualité doit être légitime. Avant, on prenait le meilleur technicien de l'équipe et on le nommait chef. Mais les compétences techniques ne suffisent plus à être légitime, constate-t-il. Il faut être visionnaire et surtout donner du sens à ses actions pour mobiliser les équipes ».
À l'interface des différents services de l'entreprise, soumis à la pression générale qui pèse sur l'agroalimentaire, le poste de responsable de la qualité est de plus en plus stratégique au sein de l'entreprise. Une responsabilité pas toujours facile à endosser, nécessitant des compétences multiples ainsi qu'un bagage juridique pour suivre l'évolution de la réglementation.
En travaillant le contenu de leur formation, les professeurs d'Agro-ParisTech par exemple ont bien pris en compte ce nouvel aspect de la fonction. « Le responsable qualité a souvent l'image de celui qui embête tout le monde. On oublie souvent la dimension managériale. Nous avons donc intégré des modules de cours, sur comment se faire mieux comprendre et comment faire passer efficacement les messages », note Maryvonne Lassalle-de-Salins, ” responsable de la spécialisation en management de la qualité, ouverte en septembre dernier.
Début mars, la France accueillait une des réunions les plus importantes du groupe de travail élaborant le projet de la nouvelle version de la norme internationale Iso 9001.
Durant cinq jours, plus de 100 experts internationaux de plus de 40 pays ont finalisé le document qui sera présenté en enquête publique autour des mois d'avril et mai. Dès la mi-avril, l'Afnor lancera des ateliers en Région, ouverts à tous et gratuits pour présenter les premiers éléments du texte. Comme pour toute révision majeure des commentaires seront possibles sur le site de l'Afnor dédié aux enquêtes publiques.
Le texte attendu « est une évolution sans rupture. Il est dans la continuité des versions 2000 et 2008 », précise Jean-Marie Reilhac, responsable développement Qualité & Performance du groupe Afnor. Une version modernisée « qui adapte la norme 9001 aux pratiques managériales actuelles, aux demandes de rapidité des clients, de compétitivité des entreprises et aux évolutions technologiques », poursuit-il. Une fois le texte validé, les entreprises auront un délai de trois ans pour migrer vers la certification Iso 9001: 2015. Les certificats ISO 9001: 2008 seront valides jusqu'à la fin de période de transition.
Voir le site www.enquetespubliques.afnor.org
“ Il faut s'appuyer sur des managers de proximité
Dans les entreprises, la qualité a pris de l'importance. « Il y a une pression énorme dans l'industrie agroalimentaire. Le moindre souci qualité nécessite une alerte immédiate », constate Stéphane Mainguené. Et mieux vaut garder la tête froide. Quand Jean-Michel Cathala recrute un directeur qualité, il scrute chez les candidats : « la capacité de faire face lors de moments critiques. Il doit avoir l'art d'anticiper et celui de ne pas paniquer ! » Pour arriver à concilier tous ces aspects, Stéphane Mainguené préconise de s'appuyer sur des managers de proximité au sein de l'entreprise capables de déclencher l'alerte rapidement : « Les entreprises qui réussissent sont celles où il y a de l'autonomie sur les lignes hiérarchiques. Il faut que le responsable qualité s'appuie sur des relais managériaux forts sur le terrain, capables de diffuser et remonter les informations en temps réel. »