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Cop 25
Responsabilités et initiatives pour le climat dans l'alimentaire

L’agriculture, l’industrie agroalimentaire, le transport de denrées et produits ont leur part de responsabilité dans l’émission de gaz à effet de serre. La filière française se mobilise et anticipe les contraintes à venir.

© NicoElNino - stock.adobe.com

Le ministère de la Transition écologique et solidaire a publié un document de synthèse Datalab à l’occasion de la Cop 25. Cette 25e conférence internationale des parties sur les changements climatiques s’est tenue à Madrid (Espagne) du 2 au 13 décembre sous présidence chilienne. Ce document présente un panorama climatique mondial et les facteurs d’émissions de gaz à effet de serre (GES) dans l’Union européenne et en France. Ces émissions, évaluées au titre de 2017, sont exprimées en millions de tonnes équivalent gaz carbonique (Mteq CO2).

L’alimentaire : un huitième des GES de l’industrie

En France, le transport routier est le premier émetteur, soit environ 130 Mteq CO2 (en dehors des transports maritimes et aériens internationaux). Les véhicules particuliers et utilitaires en représentent plus des trois quarts, et les poids lourds, 21 %.

L’agriculture et l’agroforesterie comptent pour un peu moins de 90 Mteq CO2, en grande partie du fait de la fermentation entérique des ruminants et de l’épandage des déjections. Cette observation est à relier à la mesure de l’utilisation des terres, au changement d’affectation des terres et à la foresterie (UTCATF), dont le bilan d’émissions est négatif, essentiellement en raison de l’expansion des forêts et des prairies, qui sont des puits de carbone. Les prairies éliminent ainsi une dizaine de Mteq CO2.

Alors que l’urbanisation des terres et la mise en culture des prairies contribuent à accroître les émissions, les industries manufacturières émettent un peu moins de 80 Mteq CO2 (du fait de leur consommation énergétique et procédés). Les industries alimentaires y contribuent pour un huitième seulement.

De l’agriculture à l’acheminement des produits finis jusqu’aux consommateurs de l’Hexagone, les initiatives pour réduire les GES sont multiples. Beaucoup reposent sur les certificats d’économie d’énergie (CEE).

Ferme laitière bas carbone

Les filières bovines ont développé une méthodologie de calcul de crédit carbone, nommée « Carbon Agri », officiellement reconnue par le ministère de la Transition écologique. L’interprofession laitière (Cniel), dans sa feuille de route climatique, signée en juin 2018, s’est fixé l’objectif de réduire de 20 % ses émissions de carbone entre 2015 et 2025 et d’engager 100 % des fermes laitières dans la démarche Ferme laitière bas carbone en dix ans.

Près de 10 000 fermes laitières ont réalisé un diagnostic carbone.

Faire reconnaître les réductions de CO2 réalisées par les éleveurs laitiers

Avantage du crédit carbone : « faire reconnaître les réductions de CO2 effectivement réalisées par les éleveurs laitiers, avec des leviers d’action individuels efficaces, […] encourager ces pratiques et les amplifier », déclare Thierry Geslain, directeur du développement durable au Cniel. Comme bien d’autres filières, celle du lait attend l’augmentation du prix de la tonne de carbone. D’aujourd’hui 20 euros, il est appelé à doubler ces prochaines années.

Gagner en éliminant des pertes alimentaires

Les industriels de l’agroalimentaire, qu’ils soient de première transformation des produits (trituration, meunerie, déshydratation de luzerne…) ou seconde transformation (produits de grande consommation) utilisent pour leur part les CEE pour financer l’optimisation de leur fonctionnement énergétique.

Un levier spécifique au domaine alimentaire est encouragé par l’Ademe : la réduction des pertes alimentaires. Celles-ci représentent 10 millions de tonnes de la production à la consommation, dont 21 % le sont lors de la phase de transformation par les industries agroalimentaires. « Cela représente 2,1 millions de tonnes, 2 200 millions d’euros et 3 millions de tonnes équivalent CO2 d’émissions », établit l’Ademe.

L’agence a tiré un bilan positif en mars 2019 de l’accompagnement d’une vingtaine d’industriels de divers secteurs, impliquant Coop de France, l’Ania et l’Ilec. Le bilan était positif en matière d’émissions de GES, d’économies de la matière et d’énergie, et financiers.

L’Ademe propose aux PME de les accompagner en ne se faisant rétribuer que si la démarche est rentable. « Si les économies identifiées par le plan d’actions sont supérieures à un minimum défini, l’établissement paie un forfait fixe ; sinon, l’accompagnement est gratuit. Le forfait et le minimum sont fonction de la taille de l’établissement », explique l’Ademe.

Dans le transport frigorifique enfin, le Cemafroid pilote avec Hydroparts, promoteur de hayons connectés, le programme Ecler qui consiste à former et sensibiliser aux bonnes pratiques les conducteurs et à déployer à grande échelle de l’innovation numérique dans le secteur de la logistique et des unités frigorifiques connectées.

A savoir

Quelques chiffres

66 pays, dont la France, 93 entreprises, dont Danone, engagés dans la Carbon Neutrality Coalition (ONU) visent zéro émission de gaz à effet de serre d’ici au milieu du siècle

1,5 °C : réchauffement climatique estimé scientifiquement en cas de neutralité carbone en 2050

40 % : objectif de réduction d’émissions de GES entre 1990 et 2030

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