Reprendre une IAA : un défi passionnant à préparer avec soin
Reprendre une entreprise n'est pas une sinécure. Pour éviter de passer à côté de votre projet, mieux vaut s'y préparer et s'entourer de professionnels. Le parcours est long, entre un et deux ans, et semé d'embûches. Et il n'est pas rare de se retrouver face à un cédant qui ne veut plus vendre. Ce dossier regroupe conseils et témoignages de spécialistes du secteur.
Être convaincu et convaincre, tels pourraient être les deux points fondamentaux d'un projet de reprise d'entreprise. On ne s'improvise pas dirigeant du jour au lendemain. Il faut s'y préparer, réfléchir aux raisons qui amènent à une telle décision. « Le premier secret, c'est de s'y consacrer à 100 %. C'est impossible de construire un tel projet en ayant d'autres idées ou activités à côté », témoigne Lionel Dosne, repreneur avec Serge Edmond de la chocolaterie Castelain en 2011, sur le site Internet du Réseau entreprendre. Le consentement de l'entourage familial est également une dimension à prendre en compte. Cette période de réflexion permet de définir les contours du projet de reprise. Si le contexte économique difficile et le renouvellement des générations ouvrent de nombreuses opportunités de reprise, faut-il encore savoir dans quel domaine on souhaite entreprendre. Quel secteur ? Quel type d'activité ? Quelle taille d'entreprise ? Quelle zone géographique ?, etc.
Un long parcours de deux ans« La reprise est un long parcours. Il faut compter entre un et deux ans en moyenne pour concrétiser un projet. C'est un parcours du combattant », insiste Christiane Chevallier, déléguée des Cédants et repreneurs d'affaires (CRA). L'association peut vous aider à vous préparer, notamment à vous former sur différents aspects administratif, juridique, managérial… Et surtout vous avertir de l'incertitude qui peut prévaloir, jusqu'au moment de la signature du processus de reprise. « La reprise n'est pas un marché, c'est d'abord une question d'homme. Le cédant va décider, et peut très bien ne pas se présenter le jour de la signature. C'est arrivé ! », témoigne Christiane Chevallier. Avoir plusieurs cibles devient alors intéressant, car personne n'a envie de perdre deux ans dans un projet qui ne se concrétise pas.
Ces étapes de préparation passées, il est temps de chercher une entreprise. Bon nombre d'organismes ou associations peuvent vous aider à choisir (CRA, APCE, Bpifrance, Réseau entreprendre…) et vous mettre en contact avec des cédants. Parce que le marché de la reprise n'est pas très clair, il faut activer ses réseaux. « Trouver concrètement une entreprise qui correspond au désir du repreneur, c'est le plus difficile. Il faut garder l'esprit ouvert. Souvent, la cible de départ ne correspond pas à l'entreprise reprise au final », précise la déléguée du CRA.
Un apport de 150 000 euros minimumPour éviter toutes mauvaises surprises, il convient de s'entourer de personnes compétentes dans les domaines comptable, juridique, social et même informatique. En reprenant une activité, on acquiert l'actif mais également le passif. « Pour éviter tous cadavres dans le placard, il faut discuter avec le cédant de la garantie du passif. Il cède ses titres, mais doit garantir qu'il n'y a rien de caché », précise Christiane Chevallier. Les audits peuvent prendre du temps, mais sont nécessaires pour bien évaluer la santé financière de l'entreprise ciblée, et surtout son prix.
Un cédant pour trois repreneurs
Un projet de deux ans Profil : 45 ans, ancien cadre supérieur de grands groupes >>
Quand la relation avec le cédant a été bien établie, la question du financement va vite venir se poser. Évidemment, l'apport personnel est inévitable. Le CRA estime qu'un montant de 150 000 euros minimum est nécessaire. « En dessous, on évite. Cela arrive, mais c'est très difficile. En moyenne, il y a entre 30 000 et 50 000 euros de frais pour les audits et il faut souvent remettre de la trésorerie, mais des prix d'honneur existent. Des organismes locaux ou nationaux peuvent aider », conseille la déléguée du CRA. Les banquiers peuvent aussi venir en soutien, mais ils prêtent rarement au-dessus de 50 % de l'investissement global. Quant à la Banque publique d'investissement, méfiez-vous des surprises de dernières minutes, conseille le CRA : « Si les banques ne vous demandent pas de caution, c'est peut-être la BPI qui vous en demandera au dernier moment ! Préparez-vous », témoigne Fabrice Beneteau, repreneur de la société Rouger, élevage et commercialisation de volailles dans les Deux-Sèvres, sur le site Internet du CRA.