Récoltes : éloge de la recette
Le dicton « petite récolte, petits prix» se vérifie rarement. On lui substituera utilement « petite récolte, petite recette », car si un faible volume de production entraîne souvent une hausse des cours, le second effet ne compense pas toujours le premier. Bien sûr, il y a des exceptions. Par exemple, la hausse des prix du blé, au cours de cette campagne, n’aura pas toujours permis aux producteurs frappés par une détestable météo de se rembourser de leurs pertes de moisson, tandis que ceux des régions épargnées n’ont pas à se plaindre - on fera la même observation pour le marché du vin-. La production de pommes de terre a pu, elle, bénéficier à la fois de volumes importants et de cours élevés : elle le doit aux déboires de récolte de nos voisins.
En l’occurrence, c’est donc l’adage « le malheur des uns fait le bonheur des autres» qui s’est imposé.
La filière « œuf » profite du même effet d’aubaine. Les deux dernières crises sanitaires avicoles subies par l’Italie et les Pays-Bas ont créé un trou béant dans l’offre, et redonné aux cours des œufs français une exceptionnelle vigueur, même si aujourd’hui les disponibilités se rétablissent et si les prix quittent les sommets atteints entre septembre et décembre 2003.
Bref : la crainte d’un mauvais marché a supplanté l’ancestrale angoisse d’une mauvaise récolte. Et l’on voit par exemple les producteurs de lait, à la perspective d’un dépassement communautaire de la collecte, invoquer le potentiel régulateur des quotas, auxquels ils ne trouvèrent pas toujours tant de vertus.