Récolte catastrophique dans le sud de la France
De mémoire d'oléiculteurs niçois, c'est du jamais vu. Dans les Alpes-Maritimes (région Paca), la récolte certifiée en appellation d'origine protégée (AOP) « Olive de Nice » sera cette année quasiment inexistante. « Nos cent dix producteurs ne feront que quelques tonnes de produits finis cette saison, contre d'habitude 80 à 100 tonnes en moyenne », annonce Jean-Philippe Frère. Membre du Syndicat interprofessionnel de l'olive de Nice, ce producteur a installé dès la fin octobre de larges filets verts entre ses cailletiers centenaires du Rouret. « Le début de la campagne pour l'AOP a été fixé au 1er novembre, mais nous sommes beaucoup à avoir commencé plus tôt », explique-t-il. Sans grand espoir. Peu de fruits tomberont dans les mailles, et « regardez, ceux qui restent encore sont nécrosés », peste l'oléiculteur.
La mouche prolifèreEn cause, selon lui : le changement climatique. « Les deux derniers hivers très doux ont affaibli les oliviers, qui ont, après le printemps, lâché à terre 50 % de leurs fruits, détaille l'agriculteur. Puis un été humide a favorisé la prolifération de la mouche de l'olive… » Dès le mois d'octobre, passant outre le manque de maturité des fruits, les professionnels azuréens ont donc lancé leur récolte pour sauver ce qui pouvait l'être encore. « Mais très peu auront la qualité suffisante pour obtenir l'AOP Olive de Nice », grince Jean-Philippe Frère.
Qu'il s'agisse d'huile d'olive, d'olive de table ou de pâte d'olive, les produits certifiés de cette toute petite appellation (qui couvre seulement 220 hectares) seront donc difficiles à trouver dans le commerce, dès la fin de l'année prochaine.
La filière réagitCette récolte « catastrophique » concerne aussi les 17 638 hectares d'oliviers cultivés en France, s'alarme Olivier Nasles. Le président de l'Association française interprofessionnelle de l'olive (Afidol), lui-même oléiculteur à Aix-en-Provence, rappelle que « 80 % à 90 % » de la production nationale d'olives (de 5 000 tonnes en 2013) sera cette année perdue.
“ Très peu auront la qualité suffisante pour obtenir l'AOP « Olive de Nice »
« Les conditions climatiques ont entraîné une forte pression de la mouche sur nos vergers, mais
” nous avions pourtant les moyens de lutter contre ! », tonne le dirigeant. Dans une lettre ouverte aux acteurs de la filière, il juge ainsi que six à huit traitements insecticides – alors que seulement deux sont actuellement autorisés – auraient pu résoudre ce problème… Olivier Nasles se tourne maintenant vers les pouvoirs publics et espère voir la réglementation évoluer. « La filière pourra se remettre d'une saison comme celle-là, mais pas d'une seconde », prévient le patron de l'Afidol. Certes, la filière tricolore pèse moins de 1 % de la production européenne… mais concerne plus de 25 000 exploitants en France !