Rebondissement dans le dossier « fermier »
La Sacofel, qui commercialise les œufs fermiers Label Rouge de Loué, a fait appel juste avant la limite du 15 juin d’un jugement du tribunal correctionnel de Béthune. Le GIE Cocorette avait saisi cette instance pour tenter de confondre la Sacofel pour tromperie du consommateur en vertu du fait que les œufs de poules élevées en plein air de Loué ne répondent pas complètement aux critères de la mention « fermiers » tels que décrits dans une ordonnance « qualité » en septembre 1999. Celle-ci précise que les œufs dits fermiers ne peuvent être convoyés par tapis automatiques après la ponte. Un des arguments du GIE Cocorette, première organisation à avoir lancé, en 1984, un œuf fermier pondu en nids, est qu’en couvant son œuf, la poule fait sécher la cuticule qui le protège des germes. A l’appui de cet argumentaire, Cocorette dispose d’une enquête Ipsos montrant que les élevages Cocorette répondent mieux à l’imaginaire des consommateurs.
Le Syndicat de Loué, Syvol Qualimaine, fait appel pour la forme, sachant que sa mention « fermiers » n’est pas menacée, à la différence du groupe Matines qui s’est vu interdire cette mention sur les œufs Label Rouge Mas d’Auge en février dernier. Matines est victime d’un imbroglio juridique. En effet, le cahier des charges de l’AQFO (association pour la qualité dans la filière œufs), qui produit ses œufs fermiers, n’avait été examiné par la CNLC qu’après parution de la fameuse ordonnance qualité de 1999. L’AQFO avait donc dû retirer sa mention complémentaire pour obtenir son Label Rouge.
Un décret spécialement pour les œufs ?
Le syndicat de Loué avait obtenu son homologation avant cette modification, laquelle vient d’être renouvelée par la CNLC. Pour autant, il n’entend pas profiter de son avantage mais milite, dans le cadre du Synalaf, pour la reconnaissance du caractère « fermier » pour tous les œufs Label Rouge. Cela fait 8 ans que le Synalaf réclame aux pouvoirs publics une mise au clair afin que tous les produits avicoles (volailles de chair comme œufs) Label Rouge puissent continuer d’utiliser sans ambiguïté le terme fermier. Or, après avoir rencontré récemment la DGCCRF, le Synalaf songe à parer au plus pressé en demandant un décret spécialement pour les œufs. A Loué, on a bon espoir de voir ce dossier avancer avec la nomination du ministre Barnier à l’Agriculture, sensible, dit-on aux causes de la qualité, et peut-être aussi à l’attachement de son Premier ministre pour les fermiers de la Sarthe.