Pur jus : Refresco renforce ses positions

«Les jus de fruits ne connaissent pas la crise ! », ont affirmé les membres de l’Union nationale interprofessionnelle des jus de fruits (Unijus) Unijus regroupe 32 adhérents qui représentent plus de 85 % des volumes de jus de fruits et nectars consommés en France. à l’issue de leur assemblée générale, qui s’est tenue le 2 avril dernier. Alors qu’ils n’hésitent pas à remplacer l’eau minérale par celle du robinet, les Français ne semblent pas prêts à renoncer à leur jus d’orange du matin, et ce malgré la crise économique. En 2008, le marché des jus de fruits et nectars a progressé de 3,6 % en volume pour atteindre 1,579 milliard de litres, tous circuits confondus. Le chiffre d’affaires du secteur (hors cafés, hôtels et restaurants) s’est établi à 1,722 milliard d’euros, en progression de 8,9 % par rapport à 2007. Ces chiffres placent les jus de fruits au premier rang des boissons sans alcool, si l’on excepte le rayon eaux.
La France se positionne ainsi au deuxième rang des pays européens les plus consommateurs, au coude à coude avec le Royaume-Uni, et juste après l’Allemagne.
L’an dernier la progression du marché des jus de fruits a principalement concerné le circuit de la grande distribution où les volumes vendus ont enregistré, selon Nielsen, +4,51 %. Au sein de la famille jus de fruits, tous les segments n’ont en revanche pas connu le même sort. L’augmentation du marché a essentiellement porté sur le pur jus (+9,3 %) et les jus à base de jus concentré (+2,14 %). Les nectars ayant reculé de 2 %. Aujourd’hui, le « pur jus » représente 45,3 % du marché (GMS et hard-discount), les jus à base de jus concentrés (31,5 %) et les nectars (23,2 %).
Pour répondre à l’engouement des Français sur le pur jus, qui progresse de 8 % tous les ans depuis 2004, Refresco, le premier fabricant européen des boissons rafraîchissantes sans alcool, vient d’acquérir auprès de Zumos Pascual (filiale du groupe Leche Pascual) une usine à Palma del Rio en Espagne. Ce site apporte une capacité de production de 50 millions de litres d’oranges pressées qui s’ajoutent aux 25 millions de litres déjà détenus par Refresco à travers ses trois autres usines espagnoles. Cette opération stratégique permet aussi au groupe appartenant majoritairement à un consortium islandais de sécuriser ses approvisionnements en intégrant la filière pur jus d’orange. « Nous nous approvisionnons en oranges auprès de producteurs espagnols et de quatre fournisseurs brésiliens », précise Vincent Delozière, directeur général de Refresco France (250 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2008), qui absorbe une bonne part du jus d’orange fabriqué en Espagne et peu consommé localement.
Projet d’une filière fruits jaunes
L’enjeu est de taille quand on sait que le jus d’orange reste le jus préféré des Français, représentant 47,3 % du total des ventes en volumes. En 2e place, la pomme ne représente que 8,1 % des ventes, devant l’ananas (3,5 %), le pamplemousse (3,5 %) ou le raisin (2,7 %). « Pour la pomme, la poire et le raisin, nous nous approvisionnons en France », révèle Vincent Delozière. Le patron des trois sites français du groupe (Nuits-Saint-Georges, St- Alban et Délifruits) aimerait dire la même chose pour l’abricot et la pêche. L’usine Délifruits située à Margès (dans la Drôme) est entourée de vergers, mais pour l’instant elle importe ses fruits jaunes d’Italie ou d’Espagne. « On essaie de structurer la filière française, mais ça avance doucement », confie le directeur général de Refresco France. Pour fabriquer ses jus de fruits, l’industriel aurait besoin de l’équivalent de 40 hectares d’abricots et de 20 hectares de pêches « pavie » (encore très peu produites en France). Mais, déficitaire, la production française préfère pour l’instant dédier ses fruits à la consommation de bouche.
Le conditionnement PET progresse
Si le projet de création de filière fruits jaunes à destination de l’industrie tient à cœur à Vincent Delozière, il reste néanmoins quasiment anecdotique par rapport au marché des jus de fruits où les parfums pêche et abricot ne pèsent respectivement que 0,8 % et 0,5 % des volumes. Si Refresco affirme vouloir se développer grâce au référencement de nouveaux parfums, l’industriel tire aujourd’hui l’essentiel de sa progression d’une orientation prise dès 2004 vers la bouteille PET.
Selon Unijus, le conditionnement en carton, encore majoritaire (avec 61 % de parts de marché), aurait reculé de 3,1 % en volume en 2008, alors que le plastique, en 2 e position avec 21 % de PDM progresse de 5,8 %. « La croissance du PET en purs jus a atteint 22 % l’an passé par rapport à 2007 », se réjouit Vincent Delozière. Refresco est le leader incontesté sur ce marché où il conditionne les marques Tropicana, Pampryl et des MDD. Tropicana, encore très présente en bouteille de verre, s’oriente petit à petit vers le PET : la marque vient notamment de passer toutes ses promotions dans ce format.
Autres nouvelles du marché qui confortent Refresco dans ses choix stratégiques : alors que les ventes de produits réfrigérés se sont tassées en 2008, celles de produits ambiants ont crû de 5,23 %, et globalement les ventes de jus de fruits progressent plus en hard-discount (+13,64 %) qu’en GMS (+0,61 %).