Pruneaux d'Agen : les frigos débordent en Lot-et-Garonne
Si l’on sait clairement ce qui attend la filière pruneau d’Agen pour l’année 2004 depuis jeudi dernier et la tenue, à Sainte-Livrade sur Lot de la 34e « journée de la prune », les solutions, elles, ne sont pas légions. Pour résumer, la filière dispose de 90 000 tonnes de pruneaux disponibles dans ses frigos cet hiver et prévoit, au mieux d’en commercialiser un peu plus de 40 000 tonnes avant la prochaine récolte en octobre prochain. C’est donc une année de stock qu’il faut à la filière financer tout en prenant des mesures drastiques pour ne pas gonfler les tonnages de disponibles en 2004.
Sur le marché français, le pruneau d’Agen est encore protégé, mais il souffre particulièrement sur le marché européen, et plus encore sur le grand export. La concurrence sud-américaine, chilienne et argentine, californienne également, voyant sa compétitivité naturelle encore renforcée par la parité euro-dollar actuelle. Les consultations menées avec les producteurs ces dernières semaines ont amené à la rédaction d’une liste de mesures éventuelles pour limiter l’apport de la récolte 2004. Mesures qui vont de l’arrachage de vergers à une plus grande maîtrise de la qualité des prunes ramassées en passant par le rejet des calibres les plus petits ou la mise en place d’un système de quotas. Reste que toutes ces mesures auront un coût et que la filière ne peut vraiment se permettre de financer. En conséquence, les plus optimistes parlent d’une capacité d’achat des transformateurs de 35 000 tonnes maximum pour la récolte 2004, les plus pessimistes évoquent 20 000 tonnes… Sur une récolte moyenne de 50 000 à 60 000 tonnes…
Le spectre de 1996
Leader de la filière, France Prune dispose de peu de marge de manœuvre compte tenu de ses engagements financiers liés au rachat de Saman (fruits secs) au groupe américain Dole l’an passé. D’ailleurs, les transformateurs appuient leur prudence annoncée sur l’accord interprofessionnel signé à la fin août 2003, largement à l’avantage des producteurs puisque toute la récolte de septembre, 57 000 tonnes a été achetée. Les producteurs comprendront sans doute le message passé jeudi dernier, à eux en 2004 de faire l’effort. Une réunion interprofessionnelle doit se tenir le 13 février prochain pour évoquer les mesures à prendre, mais toute la difficulté consiste à déterminer si la crise engagée est structurelle ou seulement conjoncturelle. Il est toutefois fort peu probable que des mesures soient mises en place à cette date. La filière pruneau d’Agen ne tenant visiblement pas à réitérer l’erreur de 1996, date de la dernière surproduction qui vit l’arrachage de plusieurs centaines d’hectares de vergers conduisant deux ans après à une pénurie… Les marchés alors perdus faute de marchandises ayant été avantageusement captés par les pruneaux sud-américains.