Porteurs de projet, comment collecter des fonds sur Internet
Biscuiterie Jeannette, Caviar de Neuvic, Comme des papas, En direct des éleveurs, les exemples de projets financés en partie sur des plateformes de crowdfunding se multiplient. Effet de mode ? Ou vraie alternative aux prêts bancaires, renforcée par la nouvelle réglementation ? Les Marchés ont enquêté sur le financement participatif en plein essor en France.
Elles sont de plus en plus nombreuses et dans tous les secteurs d'activité. En France, une cinquantaine de plateformes de financement participatif ont récolté plus de 152 millions d'euros en 2014. Le secteur est en plein essor, avec des fonds collectés doublés en un an.
Certaines de ces plateformes sont généralistes, comme Ulule no 1 européen. D'autres s'intéressent, par exemple, exclusivement aux milieux agricole et alimentaire comme Miimosa lancé fin 2014. Fundovino est spécialisé dans la récolte de fonds pour les projets liés au monde viticole. DaVinci-Crowd recense différents projets dans la recherche scientifique. Les Français sont de plus en plus nombreux à soutenir des projets. Depuis le lancement des plateformes en France, 1,3 million de financeurs ont participé. Des dons somme toute assez importants puisqu'ils représentent en moyenne 60 euros par donneur (voir graphique p. 12).
Les chiffres de l'Observatoire du crowdfunding chez les Français, mené par Adwise pour l'association Finance participative France, montrent que la pratique est connue par 56 % des Français. 7 % d'entre eux déclarent même y avoir directement participé, majoritairement par des dons. 23 % des répondants (2 000 personnes représentatives de la population) envisageraient de contribuer au financement d'un projet via le crowdfunding.
“ 56 % des Français connaissent le crowdfunding
Qui sont ces financeurs ? Majoritairement, il s'agit d'hommes de moins de 35 ans vivant en zone urbaine. Ils appartiennent le plus souvent à une catégorie socioprofessionnelle (CSP) moyenne et ont une épargne personnelle inférieure à 10 000 euros. Certaines entreprises agroalimentaires ont déjà tenté de récolter des fonds auprès de ces donneurs, ou investisseurs, comme la biscuiterie Jeannette (voir article page 12). De nombreux entrepreneurs utilisent ces plateformes pour lancer leur entreprise, à l'image de « Comme des papas » qui a récolté sur KissKissBankBank des financements pour sa start-up de plats « gourmets » pour bébés. Sur MyNewStartup, le projet « En direct des éleveurs » a récolté à ce jour plus de 424 000 euros sur un objectif de 1 million d'euros afin de créer une unité de production de lait issue des filières Bleu-Blanc-Cœur et biologiques. Les porteurs de projet sont neuf exploitations laitières des Pays de la Loire et du Poitou-Charentes, soutenues par Bpifrance et la région Pays de la Loire.
Les sourcesSi les plateformes de crowdfunding offrent l'occasion aux internautes de donner un coup de pouce à un projet, avec une petite récompense à la clef, elles permettent aussi à des entreprises d'accéder à des prêts ou d'ouvrir leur capital. Sur les 152 millions d'euros récoltés l'an dernier, plus de 88 millions ont concerné des prêts, et 25 millions du capital.
Lendopolis, par exemple, se présente comme la plateforme de financement participatif des PME françaises. Elle propose aux entreprises de déposer leurs projets en ligne, d'échanger avec des analystes financiers et de « lever de 10000 à 1 million d'euros en 30 jours maximum », sous forme de prêt. Le groupe MTH – Saumon de France a ainsi levé 75 000 euros sur ce site pour le développement d'une filiale d'aquaculture combinant aquaponie et pisciculture pleine mer en rade de Cherbourg. L'importateur de produits alimentaires Dixie International cherche, lui, à récolter 100000 euros pour le développement de sa gamme sans gluten. Le phénomène est certes en hausse, mais va-t-il s'arreter ? Pas selon Ernst & Young qui a publié en février 2015 une étude sur le crowdfunding à l'échelle européenne. En 2014, 3 milliards d'euros ont été récoltés (+144 %) et cela pourrait atteindre 7 milliards en 2015 selon le rapport. « Encore vu jusqu'à récemment comme une activité de niche, le crowdfunding est devenu une source de financement essentielle et de plus en plus courante pour les PME, les start-up et d'autres entreprises », explique le rapport. La France est le deuxième pays européen à avoir récolté le plus de fonds via le financement participatif en 2014, loin cependant derrière le Royaume-Uni (1,9 milliard d'euros) et devant l'Allemagne (140 millions d'euros).