Petit sursaut du colza dans le sillage du pétrole

Les récoltes démarrent doucement au Brésil, réalisées à hauteur de 4 % contre 6 % l'année dernière à la même date. En revanche, les premiers chiffres de rendements réservent de divines surprises aux producteurs, et sur cette base, les analystes en sont déjà à anticiper une récolte qui pourrait atteindre les 100 millions de tonnes (Mt). Fort de ces ressources, le Brésil est en train de prendre la main sur le marché et se substitue à l'origine américaine pour alimenter le marché chinois. Une annulation par la Chine en fin de semaine dernière d'un contrat de 395 000 tonnes de soja américain a fortement pesé sur les cours à Chicago.
L'ambiance est un peu différente en Argentine avec une sècheresse d'une forte intensité qui pourrait impacter le potentiel des cultures. Le retour des pluies annoncé pour la semaine prochaine est susceptible encore de modifier la donne. Côté business, le changement politique majeur intervenu dans cette partie du monde pousse les producteurs à la vente. 86 % de l'ancienne récolte ont d'ores et déjà rejoint les silos d'exportation contre 84 % l'année dernière à la même date, mais 9 Mt restent encore en stock dans les fermes. Pour la nouvelle récolte, les engagements sont encore très faibles alors que la récolte devrait débuter dans deux mois. Les achats chinois, qu'ils se fassent en origine Amérique du Nord ou du Sud restent sur une tendance élevée malgré le ralentissement de l'économie et permettent pour le moment au marché de résister malgré l'importance du disponible qui s'accumule dans les pays producteurs.
Progression de l'huile de palmeLe colza de son côté se désolidarise du soja et remonte très légèrement la pente dans le sillage du pétrole. La chute ininterrompue de l'or noir, si elle bénéficie à certaines économies, en met beaucoup d'autres en grande difficulté. Russie, Nigéria, Algérie, Venezuela, la liste est longue des pays qui souffrent de revenus en chute libre. La crise est si profonde que l'Opep, l'Arabie saoudite en tête, envisage maintenant une réunion, sans doute poussée par le retour attendu de l'Iran sur la scène internationale, pour évoquer un contingentement des productions. Cette simple hypothèse jugée crédible a permis au pétrole de repasser la barre des 30 dollars le baril. Le colza profite de cette embellie et repasse au-dessus de la barre des 360 euros/t pour se fixer cette semaine aux alentours des 365 euros/t en fob Moselle. Dans cette remontée, le colza est soutenu par la progression de l'huile de palme. Le tournesol profite également de ce retour à la hausse pour redécoller, et est marqué à 390 euros/t en rendu façade Atlantique. Paul Varnet