Pacte d'avenir : le point, un an après le lancement
Au moment de sa signature par le Premier ministre de l'époque, Jean-Marc Ayrault, le 13 décembre 2013 à Rennes, certains voyaient dans le Pacte d'avenir pour la Bretagne un catalogue à la Prévert, une opération communication. Un plan recyclant des crédits préexistants qui n'était pas à la hauteur de la crise de confiance à l'origine du Pacte, à savoir les difficultés du secteur agroalimentaire et les inquiétudes d'une éventuelle écotaxe, celles-là même qui avaient créé le mouvement des Bonnets rouges…
Un an plus tard, Manuel Valls estime que le plan de l'État inscrit sur la période 2015-2020 a du sens et que « des avancées concrètes ont été faites sur les trois priorités » : proposer une réponse sociale, susciter une nouvelle dynamique de développement de l'agriculture et de l'agroalimentaire, renforcer la compétitivité économique, terri-” toriale et culturelle de la Bretagne. Sur le volet social, 48 % des 762 anciens salariés de Gad Lam-paul-Guimiliau, abattoir de porcs fermé dans le Finistère fin 2013, se sont vu proposer « une solution durable et identifiée ».
“ le Pacte mobilise des moyens qui existaient déjà, mais ils sont rassemblés
L'incitation à une nouvelle politique de développement du secteur agricole et agroalimentaire s'est traduite par l'adoption du Plan agricole et agroalimentaire d'avenir pour la Bretagne (P3AB). Un plan sans surprise qui évoque sept axes prioritaires parmi lesquels l'agroécologie, la modernisation des bâtiments agricoles, le soutien à la recherche et développement dans les industries agroalimentaires, etc.
Le P3AB présente l'avantage de proposer un cadre parfaitement délimité qui s'articule avec les plans précédemment mis en place : le Projet agricole et agroalimentaire (PAAR) de 2010 et la Nouvelle Alliance de la région Bretagne (2011). « Certes, le Pacte mobilise des moyens qui existaient déjà, mais ils sont rassemblés », précise Jean-Luc Cade, directeur de l'Association bretonne des entreprises alimentaires (ABEA). Autrement dit, ils sont mieux identifiés.
À Rennes, le Premier ministre Manuel Valls a en effet rappelé que « les financements publics s'élèvent à plus de 1 milliard d'euros (580 millions d'euros de subventions de l'État, de la Région et de l'Europe, 420 millions en prêts de Bpifrance, ndlr) ». Ces crédits doivent générer 1 milliard d'euros d'investissements privés supplémentaires sur les six prochaines années pour soutenir l'investissement, l'innovation et la recherche, l'exportation, la formation des salariés des industries agroalimentaires.
215 entreprises financéesLe plan « est aujourd'hui opérationnel : la BPI a déjà financé 215 entreprises agroalimentaires >> pour un montant de 452 millions d'euros, ce qui a généré 90 millions d'euros d'investissement ». Le coefficient multiplicateur des aides de la Région a été encore plus important : 60 millions d'euros d'aide sur fonds régionaux pour 350 millions d'euros d'investissement. Il s'agissait bien souvent « de dossiers qui existaient déjà », glisse Jean-Luc Feillant, secrétaire général de la FGA-CFDT Bretagne. Cependant, il considère ce plan comme un document « auquel chacun pourra se référer en permanence, explique-t-il. Le Pacte d'avenir agit ainsi comme un pacte de responsabilités qui motive ses signataires ».
Adoption d'un plan agricole et agroalimentaire d'avenir pour la Bretagne, financement de 215 projets d'entreprises pour 452 millions d'euros, naissance de l'instance bretonne de dialogue social agroalimentaire ; un an après la signature du Pacte d'avenir pour la Bretagne, les choses avancent. Les entreprises, elles, s'engagent davantage sur le dossier social.
Pour l'heure, le Pacte a donné naissance à l'instance bretonne de dialogue social agroalimentaire. L'ABEA et tous les syndicats de salariés (à l'exception de Force ouvrière) participent à la structure, au rythme d'une réunion par mois environ. Au menu de leurs discussions : la réflexion sur les mutations du secteur agroalimentaire et leur impact sur la main-d'œuvre, la création de l'échelon régional dans la réforme de la formation professionnelle, et plus généralement l'amélioration des conditions du dialogue social. Le Pacte d'avenir a aussi permis d'avancer sur d'autres sujets, comme le financement des ” investissements avec le concours des pouvoirs publics, et la mise au point d'un programme important sur le développement durable et la performance énergétique des industries agroalimentaires.
“ Les entreprises devront développer des synergies entre elles
« L'ABEA accompagne d'ores et déjà plusieurs entreprises dans la mise en œuvre de leur plan de réduction des émissions de gaz à effets de serre, et a lancé son club “ santé au travail ” (lire article page 13) », souligne Jean-Luc Cade. Reste le plus important pour les industries agroalimentaires bretonnes : mettre au point les meilleurs produits et savoir les vendre aux consommateurs, que ce soit en France ou à l'étranger. Pour Jean-Luc Feillant, cette dynamique entraînera nécessairement des rapprochements. « À l'exception de celles positionnées sur des niches de marché, les entreprises devront développer des synergies entre elles », dit-il.