OGM : la grande peur des bien-pensants
Les OGM sont les invités surprise de la campagne électorale des Européennes. Surprise ? Pas tout à fait. Un commissaire l’a exposé candidement la semaine dernière : si Bruxelles a choisi d’autoriser le maïs Bt 11 avant le scrutin, c’est pour ne pas donner l’impression que la décision a été prise en catimini. Effet réussi. L’opposition a opportunément décrété que la culture des OGM était porteuse de dangers. Ses représentants à la tête des Régions s’y opposent, bien que sachant qu’ils n’en ont ni le pouvoir, ni la légitimité. Et avant même que la Commission, à laquelle ils en ont délivré l’autorité, n’ait rendu de décision sur la levée du moratoire. Le gouvernement réplique que sur le fond, il est hostile à une décision « inexplicable » aux yeux de l’opinion publique. Mais qu’il n’a pu s’opposer à une procédure d’autorisation avalisée par une ministre écologiste du gouvernement précédent. Lequel Parti écologiste, aujourd’hui, appelle ses partisans à la « désobéissance civile », faux nez de son impuissance. En pleine campagne électorale, ces gesticulations trahissent le désarroi d’un monde politique ayant perdu la réalité, et même le sens, du pouvoir. à cet égard, il est révélateur que ce soit le directeur de l’Afssa, autorité chargée de délivrer des avis scientifiques sur les OGM, qui propose la seule issue politique à cette dispute, celle du référendum. La vérité, c’est que de débats démocratiques en conférences citoyennes, les élites françaises ne sont jamais parvenues à faire admettre de position claire à leurs concitoyens sur les OGM, ni même à en adopter une. Face à une opinion dubitative, l’affichage du « bien-penser » ne saurait faire office de politique.