Mille fois moins
Notre planète est fragile, certes, mais pas tant que ça... Nous sommes de plus en plus nombreux à y vivre, mais ses ressources fondamentales en eau, en air et, selon les lois de la thermodynamique, même en énergie n’ont pas beaucoup varié depuis des millions d’années. Les cinq ou six millions d’hommes présents à la surface du globe en ces temps reculés disposaient ainsi d’un potentiel infini, dont les cinq ou six milliards d’aujourd’hui sont théoriquement mille fois moins pourvus. Mais ce mille-fois-moins est encore assez généreux, et nous n’avons pas à nous priver de ressources dont il est faux de dire qu’elles disparaissent, puisqu’elles ne font que se transformer. Nous ne détruisons pas, nous transformons, trop et imprudemment. Le danger n’est pas quantitatif, mais qualitatif, puisque nous ne pouvons utiliser pour nos besoins physiologiques que de l’eau assez propre et de l’air assez pur. Il n’y a pas beaucoup d’éthique là-dedans, ni de morale, ni de remise en cause transcendante. Ce sont des problèmes d’ingénieurs, pas de philosophes. Hélas, ajouterons-nous, car la parole et les mots sont plus faciles à contraindre que les chiffres et les outils.