L’Onic appréhende un possible retour de l’abondance
Ainsi que nous l’avons signalé dans notre édition de mercredi, la campagne céréalière européenne s’annonce copieuse, selon les dernières estimations du commerce européen. Celles-ci confirment les tendances déjà exprimées, au niveau mondial par les divers observateurs internationaux dont le CIC et l’USDA.
Rappelons que le Coceral, organisation du commerce céréalier de la Communauté, prévoit une récolte de 210,4 millions de tonnes (Mt) toutes céréales, pour l’Union européenne à 15, contre 182 Mt pour la petite moisson 2003. S’agissant de l’UE à 25, la récolte est envisagée à 263,3 Mt contre 182,1 l’an dernier. La récolte européenne de blé tendre à 25 atteindrait 117,3 Mt contre 98,3, celle d’orge 13,3 Mt, soit pratiquement l’équivalent de 2003, alors que la prévision pour le maïs est en forte progression avec 50,1 Mt contre 38,4. Les prévisions du Coceral pour la France ressortent à 66,8 Mt contre 54,5 en 2003, dont 36,3 Mt de blé tendre contre 29,2 et 16,3 Mt de maïs contre 11,9. On peut s’étonner de la précocité et de la précision de telles prévisions, surtout pour des cultures comme le maïs, mais il faut rappeler qu’elles sont établies en fonction des surfaces ensemencées connues ou estimées auxquelles sont appliquées un rendement moyen historique. Il convient donc de les considérer avec réserve car on est encore à plusieurs mois de la récolte, et si l’aspect des cultures est actuellement très satisfaisant, notamment en France, elles ne sont pas à l’abri d’accidents climatiques, du type sécheresse. On peut cependant espérer, a priori, une moisson au moins normale après le maigre résultat de l’an dernier.
C’est dans cette optique que le comité permanent de l’Onic a orienté mercredi sa réflexion sur la gestion de la prochaine campagne. Celle-ci se présente pour le moment sous des auspices nettement différents des réalisations de l’an dernier, avec une récolte mondiale abondante dans laquelle l’UE va devoir trouver sa place en jouant des coudes .
Les exportations n’ont pas posé de problèmes
Les problèmes d’exportation ne se sont guère posés cette saison, en France, la modicité des disponibilités en blé tendre et en maïs n’ayant pas exigé un recours aussi élevé aux exportations pour assurer le bon équilibre du marché. Le fait que les exportations vers les pays tiers (dont l’estimation par l’Onic a été portée à 3,6 Mt, contre 3,4 estimée en février) aient été inférieures de 5 9 % au chiffre de la précédente campagne, n’a pas empêché la tension des prix et la perspective d’un modeste stock de report. Pour la prochaine campagne, l’affaire se présente différemment et l’Onic souhaite que la Commission en prenne rapidement conscience et n’attende pas d’être au pied du mur pour aider les opérateurs à reprendre position sur les marchés d’exportation. Le retour aux restitutions dès le début de la campagne serait le signe fort de la part de Bruxelles de relancer la politique d’exportation.
Nous reviendrons demain, dans notre rubrique « Grandes Culture », sur les bilans prévisionnels présentés par le comité permanent de l’Office, dont entre autres un ajustement en baisse de 300 000 tonnes des estimations d’utilisations de blé par les fabricants d’aliments du bétail, ce qui a permis d’allonger d’autant les prévisions d’exportations.
