Loi de modernisation de l’économie : la force prévaut
Si la loi de modernisation de l’économie a permis d’apporter plus de transparence dans les relations commerciales, elle est contestée par les distributeurs, après l’avoir été par les industriels. Le rapport de force est revenu au centre des relations commerciales.
Rédaction Réussir
Bientôt deux ans après son entrée en vigueur, la loi de modernisation de l’économie est toujours au cœur des polémiques entre industriels et distributeurs. Les différences d’interprétation, les assignations dont ont fait l’objet plusieurs enseignes puis le recours en cassation mené par la grande distribution en ont assombri le bilan, dont industriels et distributeurs reconnaissent pourtant qu’il n’est pas totalement négatif (lire l’encadré). Lors d’un débat organisé le 19 octobre au Sial par Groupama Assurance-Crédit sur l’état des relations IAA-GMS, le président de l’Ania Jean-René Buisson a estimé que le recours intenté par la distribution contre la notion de « déséquilibre significatif » menaçait le devenir du texte. « Nous n’accepterons pas le maintien d’une loi amputée de cette disposition », a-t-il précisé, après avoir rappelé son attachement à la primauté des conditions générales de vente et du plan d’affaires dans les négociations. Coincées entre la hausse des matières premières et la concurrence entre enseignes, les industries agroalimentaires ont mal vécu les derniers mois.
Leclerc et Carrefour pointés du doigt
« Nous sommes « out of limit » dans nos relations avec Leclerc et Carrefour », a dénoncé Jean-René Buisson qui dit « avoir dû calmer » des patrons de PME à bout de nerfs. Serge Papin, le patron de Système U, lui a répondu que la LME avait permis aux marques de reprendre des parts de marché, « ce qui est historique ». « Depuis 10 ans, elles se faisaient étriller par les MDD ». Sur les relations avec les fournisseurs, il a retourné le raisonnement de Jean-René Buisson en suggérant que les « petites » enseignes comme la sienne ne bénéficiaient pas de la part des grandes marques des mêmes conditions tarifaires que les autres. « Il serait paradoxal que les industriels qui se plaignent de l’hégémonie de la grande distribution jouent les gros pour affaiblir les petits », a-t-il dit avant de faire remarquer que le rapport de force entre industrie et distribution n’était pas toujours celui que l’on croyait. « Le chiffre d’affaires de Système U, c’est le résultat de Nestlé. Et c’est à peine 1 % du chiffre d’affaires monde de Nestlé », a-t-il fait remarquer.