L'export se maintient, mais des doutes planent
> Antoine Leccia (Advini), Christophe Navarre (Moët-Hennessy), Louis-Fabrice Latour (Latour) et Philippe Castéja (Borie Manoux) lors du bilan de la Fevs, le 12 février dernier.
Après deux années record, les exportations françaises de vins et spiritueux se sont à peine effritées en valeur en 2013 (-0,4 %), s'est félicitée le 12 février la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (Fevs). « Dans un contexte économique difficile, c'est une très bonne année », a estimé son président, Louis-Fabrice Latour. Avec un chiffre d'affaires de 11,12 milliards d'euros, les expéditions de vins et spiritueux français représentent 85 % de l'excédent commercial agroalimentaire.
Le secteur doit ses bonnes performances en valeur au redressement des exportations de champagne (+1,3 %) et à la progression des ventes de vins IGP (+3,5 %). À l'inverse, les vins AOC (-2 %) et le cognac (-1,7 %) ont légèrement reculé, en raison des restrictions imposées par le nouveau gouvernement chinois sur les cadeaux d'affaires.
Le recul des achats asiatiques (-6 %) constitue l'un des principaux enseignements de l'année 2013. Les professionnels estiment que ce reflux ne constitue pas un motif d'inquiétude à moyenne échéance. « Les exportations vers la Chine ont connu une flambée inédite ces dernières années, dont une partie était spéculative », a estimé Philippe Castéja, représentant des vins de Bordeaux à la Fevs. « Mais la croissance du pays et l'intérêt d'une part croissante des consommateurs chinois offrent toujours de très belles perspectives », rassure-t-il.
La baisse des exportations vers l'Asie a été compensée par la bonne tenue du marché européen (+0,3 %), premier débouché des vins français, mais aussi par la poursuite de la reprise aux États-Unis. Les ventes de vins et spiritueux français aux États-Unis pèsent pour plus de 17 % du total des exportations françaises (environ 2 milliards d'euros). Les résultats du commerce extérieur sont en revanche plus mitigés pour ce qui concerne les volumes exportés. Pratiquement toutes les catégories sont en recul : le cognac (-3,3 %), les autres eaux-de-vie de vin (-16 %). Les vins d'entrée de gamme : -9,7 % pour les vins sans IGP avec cépage et - 17,3 % pour les vins sans IGP sans cépage.
Inquiétude sur les volumes en 2014Les exportateurs de vin ont subi le contrecoup d'une récolte française historiquement faible en 2012. Certaines régions ont été particulièrement affectées, avec un recul des exportations de beaujolais en 2013 de 12,8 % en volume. Les exportateurs s'inquiètent déjà de ne pouvoir amortir les conséquences d'une seconde récolte modeste, notamment en bordeaux et côtes-du-rhône. « La petite récolte de 2013 ajoutée à une hausse importante des cours risque de freiner le dynamisme des entreprises de négoce », a estimé Philippe Castéja, pour les vins de Bordeaux. « Le manque de vins tranquilles va entraîner un bras de fer avec les acheteurs pour faire passer des hausses de prix », a conclu Louis Fabrice-Latour.