Les opérateurs ont retrouvé le sourire
La forte demande internationale en graine, mais aussi en huile et en tourteau d’origine américaine devrait laisser les silos quasiment vides à la fin août. Le stock de report est ainsi estimé par l’USDA à 3,5 millions de tonnes (Mt), soit 7 % de la consommation intérieure. À une période de l’année où habituellement les pays d’Amérique du Sud prennent le relais sur le marché international, les importateurs se sont tournés massivement vers les États-Unis. En effet, la sécheresse en Amérique du Sud a fait des dégâts colossaux. Entre les premières prévisions effectuées à partir des surfaces emblavées et la période de récolte, la production des trois exportateurs sud-américains (Brésil, Argentine, Paraguay) est passée d’une estimation de 116 Mt (décembre 2008) à 95 Mt ce mois-ci. L’Argentine, 3 e producteur mondial de graine de soja, 1 er exportateur d’huile et de tourteaux, est le pays le plus touché et devrait voir sa production diminuer de quasiment un tiers et ses exportations baisser de moitié.
Alors que l’offre s’est réduite, la demande mondiale de soja n’a que faiblement diminué et s’est en partie reportée sur d’autres graines oléagineuses. Malgré des messages divers du gouvernement chinois (des rumeurs de résiliation de bateaux, les craintes concernant la grippe A H1N1, les difficultés du secteur porcin, les répercussions de la crise économique mondiale…), la Chine est toujours très présente au niveau des achats et continue sa politique de stocks que semble justifier une analyse haussière pour la prochaine campagne.
Un répit dans la crise
L’extrême tension du bilan de fin de campagne rend forcément les acteurs plus inquiets sur les perspectives de la nouvelle récolte. Si les agriculteurs américains changent significativement leurs intentions de semis en faveur du soja (le rapport de prix actuel et les conditions météo militent pour cette attitude), les prix nouvelle récolte auraient peu de raison de grimper et l’écart de prix entre les deux récoltes, déjà à plus de 50 dollars par tonne, pourrait s’élargir. Par contre, le moindre accident climatique pourrait mettre le feu aux poudres. Si ces éléments ne sont pas vraiment nouveaux, ils semblent avoir attiré l’attention des opérateurs financiers qui investissent de nouveau les marchés agricoles.
Le jeu semble se calmer un peu en ce début de semaine, avec une amélioration des conditions climatiques aux États-Unis qui pourrait permettre aux semis de reprendre et de rattraper le retard accumulé. Pour les opérateurs, ce pourrait être l’occasion de prises de bénéfices. La bonne tenue du pétrole et les prémices, si ce n’est d’une reprise économique, tout du moins d’un répit dans la crise que semble confirmer la hausse maintenant conséquente des taux de fret, permettent aux opérateurs de retrouver le sourire.