Les nouvelles récoltes pèsent sur les cours
Le marché devient de plus en plus dur à analyser. À la volatilité exacerbée par les bilans serrés de cette campagne s’ajoutent à présent des phénomènes exogènes. Le marché déjà en baisse a franchi un nouveau palier à l’annonce de la mort du leader d’Al-Qaïda.
La mort annoncée d’Oussama Ben Laden, qui a rassuré les opérateurs, a occasionné une baisse sensible du pétrole. Par sympathie, le marché des huiles a suivi, entraînant par là même la chute des graines. Les analyses fondamentales de l’évolution des cours deviennent de plus en plus difficiles !
Pendant ce temps, la récolte s’achève au Brésil et est réalisée à plus de 50 % en Argentine. L’Amérique du Sud s’impose maintenant comme principal fournisseur du marché mondial. Les marchandises fraîchement récoltées sont disponibles et pèsent sur les cours.
Le cours du soja se maintient
Quant à la demande, même si la Chine semble de nouveau être présente aux achats en graines brésilienne et argentine récemment, les ventes non encore exécutées au départ des États-Unis sont conséquentes et de nouvelles résiliations ne seraient pas surprenantes. Toutefois, les stocks réduits de graines aux États-Unis et le retour de la demande en tourteaux, du fait d’une meilleure compétitivité face aux drèches de maïs, limitent la baisse des cours sur le marché américain où les primes restent bien tenues sur la fin de campagne. Les conditions climatiques s’améliorent et les semis de maïs, bien qu’en retard, progressent. La perspective d’une augmentation significative des surfaces en soja diminue. Il est probable que les producteurs continueront à privilégier le maïs autant que possible, même au-delà des dates optimales de semis, quitte à opter pour des variétés plus tardives.
Sur le marché à terme de Chicago, les opérateurs financiers prennent leurs profits sur les matières premières et les prix se dégonflent.
En colza, après deux jours fériés, vendredi saint et lundi de Pâques, le marché à terme européen a enchaîné deux séances de baisse. Les interrogations et inquiétudes sur les perspectives de production en Europe se sont éclipsées la semaine dernière devant ce qui pourrait être la plus grosse récolte canadienne. Mardi 26 avril, StatCan, l’agence statistique nationale du Canada, a délivré le résultat de ses enquêtes sur les intentions de semis. Et la surprise est de nature à rassurer quelque peu les opérateurs sur l’équilibre du bilan mondial du colza pour la campagne à venir.
Nouveau record prévu du canola
Développement de la trituration nationale, bonne demande internationale et stocks au plus bas incitent les agriculteurs à choisir cette production. Les surfaces prévues en canola, en progression constante depuis cinq campagnes, sont estimées à un nouveau record de 7,8 millions d’hectares, soit une hausse de 14 % par rapport à 2010. En se basant sur un rendement équivalent à celui de l’an dernier, le millésime 2011 pourrait avoisiner 14 Mt et dépasser largement le record de 2008 (12,6 Mt). Évidemment, ce ne sont aujourd’hui que des conjectures. La première étape est celle des semis… et elle est loin d’être acquise. Neige et inondations dans certaines régions retardent les travaux.