« Les machines ne remplacent pas les hommes »
> L'ergonomie des postes devrait évoluer vers une association robot-homme.
Toute intégration de robotique, tout processus de mécanisation au cœur d'une usine agroalimentaire conduit immanquablement à la modification de l'organisation du travail. La Car-sat-Bretagne, antenne régionale de la Caisse nationale vieillesse des travailleurs salariés, intervient fréquemment dans les entreprises ayant un projet d'investissement de process. « Nous effectuons un état des lieux avant la robotisation pour veiller à ce que les machines ne remplacent pas les hommes, mais servent plutôt à la montée en compétences », explique Alexandra Bayer, contrôleur de sécurité et ergonome à la Carsat-Bretagne. L'organisme intervient rarement, en raison du peu d'empressement des IAA à s'engager dans la robotisation, sauf lors « de la construction de locaux. Mais c'est un sujet qui émerge ». La Carsat-Bretagne tient sa méthode toute prête. « L'état des lieux consiste à observer le fonctionnement de l'entreprise à partir d'entretiens avec les salariés et les chefs d'équipe. Il est essentiel que la robotisation n'entraîne pas une déperdition du savoir-faire de l'entreprise. Nous proposons dans ce cas de la formation pour le faire évoluer. »
Quels risques pour la santé ?Les Carsat de France s'appuient sur l'expertise de l'INRS, acteur majeur de la prévention des risques professionnels au travail, qui agit comme un centre d'appui technique. Avec les dernières technologies robotiques, l'ergonomie des postes de travail devrait, en théorie, évoluer en direction d'une architecture nouvelle associant homme et robot, renvoyant ainsi à l'image du paysan aidé par une bête de somme. Il faudra dans ce cas veiller à ce que l'emploi de ces robots dans les tâches quotidiennes n'entraîne pas de risques sur la santé et la sécurité des hommes. Dans un document intitulé « Quelle place pour les robots d'assistance en 2030 ? », l'INRS se demandait fin 2013 si la dépendance de l'homme au robot ne pourrait pas engendrer des risques psychosociaux. Si les robots se multiplient dans l'industrie, les plus perfectionnés d'entre eux seront, sans nul doute, installés en priorité dans les secteurs à haute valeur ajoutée. Il y a donc encore le temps d'anticiper la réorganisation sociale dans les usines agroalimentaires robotisées.