Les investissements mondiaux s’orientent vers les fromages
Les investissements des transformateurs laitiers s’orientent de plus en plus vers la production de fromages pour satisfaire la croissance de la demande internationale.

vers la production des fromages au détriment
des ingrédients secs.
La transformation laitière en France a connu, entre 2014 et 2017, de nombreuses opérations d’acquisitions, de fusions, d’investissements. « L’évolution depuis 2016 est motivée par la croissance de la demande à l’exportation pour les produits laitiers, notamment pour les poudres infantiles », a indiqué Myriam Ennifar, de FranceAgriMer lors d’un colloque au Space organisé en partenariat avec le Cniel. S’appuyant sur l’enquête laitière mensuelle FranceAgriMer, la chargée de la filière lait de vache a proposé une analyse de l’évolution de l’utilisation de la matière sèche utile dans la transformation laitière entre 2014 et 2017(1). Dressant un panorama des grandes tendances d’investissement dans le monde et en Europe, Benoît Rouyer, directeur du service économie et territoires au Cniel a rappelé que, selon Euromonitor, le marché mondial des produits laitiers de grande consommation pèse quelque 427 milliards d’euros en 2017.
La croissance est désormais concentrée dans quelques zones (Asie, Pacifique, Amérique latine, Moyen-Orient, Afrique, Europe de l’est). Les échanges portent essentiellement sur les produits stables (produits secs, fromages, beurre…) pour 69 milliards d’euros : 39 milliards d’euros pour le commerce hors UE, 30 milliards d’euros pour le commerce intra-UE. Désormais, la demande pour des produits éthiques (emballage durable, bien-être animal) et/ ou naturels (pas d’additifs, de conservateurs, bio, non OGM) concerne de nombreux marchés dans le monde et non plus les seuls pays développés.
L’INTERNATIONAL, AU COEUR DE LA STRATÉGIE
Parmi les vingt plus gros opérateurs laitiers mondiaux à plus de 3 milliards d’euros de chiffre d’affaires, cinq sont français : Lactalis, Danone, Sodiaal, Savencia et Bel. À la différence de ses voisins européens, la France laitière est restée attachée à la maîtrise des volumes ce qui limite sa présence sur les marchés de gros volumes à l’export. Les opérateurs français ont assis leur rayonnement international sur le développement d’implantations industrielles à l’étranger. Un fait que Benoît Rouyer résume d’une formule : « les Français transforment à l’étranger, les Allemands exportent ».
Au cours des dernières années, le moteur du développement des entreprises laitières est la croissance externe à l’international avec deux tendances : la diminution des nouveaux projets dans le domaine des ingrédients secs et un fort développement des nouveaux projets dans le domaine des fromages, selon Benoît Rouyer. Ainsi les investissements dans les ingrédients secs sont passés de 3,1 milliards d’euros en 2012 à 1 milliard d’euros en 2017 alors que, pendant le même temps, les investissements dans les fabrications fromagères passaient de 1,8 milliard à 2,3 milliards d’euros. Des projets importants sont en cours de déploiement aux États-Unis, en Russie et en Irlande. La France présente pour sa part 24 projets fromagers, d’un montant de 125 millions d’euros sur la période 2017 et 2018.
(1) Étude FranceAgriMer sur La transformation laitière française, les évolutions récentes.