Les industriels ne veulent pas « tracer » seuls leurs produits
Après le dossier des marges arrière, celui de la traçabilité va-t-il constituer une nouvelle pierre d’achoppement entre industriels et distributeurs ? Lundi, lors d’une conférence de presse, l’Association nationale des industries alimentaires (Ania), si elle a mis en avant sa volonté de répondre aux nouvelles exigences réglementaires notamment en « améliorant la rapidité des transferts d’information de traçabilité tout au long de la chaîne alimentaire », a aussi affirmé sa volonté d’une implication de la grande distribution. « Les fabricants entendent assumer pleinement leurs responsabilités quand ils ont la maîtrise de leurs recettes et de leurs procédés, estime François Coindreau, président de la commission Qualité de l’Ania. Quand ils ne sont que sous-traitants, c’est le donneur d’ordre qui est responsable ». Aussi, les industriels réclament-ils que les responsabilités soient clairement précisées dans les contrats, les cahiers des charges ou autres chartes de qualité. Dans ce sens, l’Ania va préparer un guide juridique pour aider les entreprises dans la rédaction de leurs contrats.
Autre revendication des industriels : la confidentialité des données. L’Ania souhaite que les fichiers d’identification et de suivi des lots ne contiennent que les informations logistiques « strictement suffisantes pour assurer la traçabilité » et défend la confidentialité des recettes et des procédés. « Les systèmes de traçabilité ne doivent pas entraîner de risque d’utilisation des données à des fins d’intelligence économique», résume M. Coindreau.
Les agriculteurs doivent mieux tracer
En ligne de mire, Trace One, mis en place par Carrefour, qui pose la question de la protection des données des entreprises mises en commun. « Nous travaillons actuellement pour identifier les points qui pourraient poser problème, indique M. Coindreau . Si le système aboutissait à ce que chaque maillon donne trop d’informations, nous nous y opposerions ».
Les industriels réclament par ailleurs la « généralisation de systèmes pour gérer la traçabilité chez les distributeurs, des entrepôts aux magasins de détail» pour pouvoir retrouver plus rapidement les lots incriminés dans le cas d’un incident de qualité. « En cas de retrait de produit, on peut généralement le tracer jusqu’à l’entrepôt, mais parfois il faut ensuite le rechercher entre 1 000 magasins, ce qui prend beaucoup de temps», juge M. Coindreau.
Mais, les distributeurs ne sont pas les seuls à devoir faire des efforts selon les industriels. Ces derniers attendent également une amélioration des systèmes de traçabilité de la production agricole « pour répondre aux nouveaux besoins (garantie de la spécificité d’origine des ingrédients en cas d’allégation ou de restriction par précaution dans les cahiers des charges, maîtrise du risque contaminant, OGM…)».
« Les coûts du système global de traçabilité doivent être équitablement partagés entre les différents maillons de la chaîne », ajoute M. Coindreau.
Enfin, l’Ania milite pour une démarche européenne permettant de faciliter la compatibilité des systèmes de traçabilité des différents pays.