Les graines sont sous pression
Le marché des oléagineux demeure pour la seconde semaine sous pression. S’agissant du soja, le volume des récoltes qui s’achèvent sur l’Amérique du Sud et des semis qui se présentent bien sur l’Amérique du Nord, pousse les cours à la baisse.
Attention perturbations. Les désordres monétaires et la forte poussée du dollar qui pénalisent le cours du pétrole perturbent également la tenue des huiles. Pour le colza, la baisse s’exprime en réaction à celle du soja mais les affaires sont gelées dans l’attente des premiers résultats sur les niveaux des récoltes.
Les cours de la graine et de l’huile de soja sur le marché de Chicago ont légèrement baissé la semaine dernière. Sur ce début de semaine, le marché reste sous pression et poursuit sur cette lancée. Les conditions culturales aux États-Unis, favorables aux semis et à l’émergence des jeunes plants, accentuent le sentiment baissier des opérateurs. L’état des cultures affiche un niveau satisfaisant pour 75 % des sojas, étant dit que 85 % des semis sont d’ores et déjà réalisés, soit un niveau équivalent à celui de la moyenne des cinq dernières années. Quelques inquiétudes subsistent dans la région du Delta qui connait un épisode de fortes températures ; les cultures sont pourtant à un stade de végétation peu sensible à la chaleur.
Pas d’avantages fiscaux pour le biodiesel ?
En Argentine, les récoltes de soja touchent à leur fin, malgré les pluies et devraient s’afficher autour de 54 millions de tonnes. Le marché de l’huile, lui, subit des influences contradictoires. La hausse du prix du pétrole la semaine dernière, facteur favorable au soutien des cours de l’huile, a été contrebalancée par la conviction de plus en plus partagée que le Sénat n’accordera pas les avantages fiscaux attendus pour le biodiesel. Petite pointe d’optimisme pour l’huile américaine : l’avancée des discussions avec la Chine sur l’obtention de certificats phytosanitaires, qui pourrait ouvrir la voie à l’export vers ce pays. La Chine, qui semble maintenir ses exigences qualitatives concernant les huiles argentines, et donc de facto son embargo sur cette origine, peut avoir intérêt à diversifier ses approvisionnements. Il semble que la délégation argentine actuellement en Chine ne sera pas couronnée de succès. Les expéditions d’huile au départ de l’Argentine ont déjà reculé sur le mois d’avril et ce constat devrait être renouvelé en mai. En revanche, les exportations de graines vont bon train. Elles sont estimées à 5,7 Mt au départ du Brésil en mai dernier (contrairement à ce que nous avons écrit par erreur en inversant les chiffres Argentine-Brésil dans notre dernière édition) selon OilWorld, et elles pourraient atteindre 9,3 à 9,4 Mt pour les quatre acteurs majeurs d’Amérique du Sud (Brésil, Argentine, Uruguay, Paraguay).
Sur ce début de semaine, le facteur pétrole ne fait plus son effet avec des cours qui évoluent en ordre dispersé. Ce marché est plombé par la vigueur du dollar américain. Sur le marché des changes, le dollar a atteint lundi 1,1877 dollar pour un euro, soit son plus haut niveau depuis mars 2006. La soja a réagi à la baisse et reste suspendu à ces perturbations monétaires.