Les fondamentaux sont solides
Alors que le soja résiste, le colza et le canola s’envolent, tous les deux confrontés à des conditions climatiques adverses qui pénaliseront les rendements pour le premier et la campagne de semis pour le second.
Le Canada qui, avec la Chine, se dispute la place de second producteur mondial de graines derrière l’Union européenne, retient ces jours-ci l’attention des opérateurs.
Après un hiver marqué par un déficit de précipitations, la pluie s’est installée sur les prairies canadiennes. D’abord accueillie avec soulagement, elle inquiète les producteurs et perturbe les semis des céréales de printemps et du canola. Le ministère de l’Agriculture canadien doit communiquer ses nouvelles estimations de semis le 23 juin prochain, mais déjà les opérateurs anticipent des baisses. L’estimation des surfaces ainsi perdues est pour le moment fantaisiste. Elle évolue entre 400 000 et 2 millions d’hectares selon les opérateurs. Cela représente une baisse des surfaces par rapport aux intentions de semis (6,842 millions d’hectares début mai) de 6 % pour les plus optimistes à environ 30 % pour les plus inquiets. Signe d’une grande incertitude, cette situation est propice aux anticipations diverses. Sur le marché à terme canadien du canola, soutenu également par la hausse de l’énergie, les cours se sont ainsi appréciés de 5 % et se retrouvent à leur plus haut depuis fin mars.
Un bilan mondial tendu
Selon OilWord, la hausse de production espérée au Canada (production attendue à 12,8 millions de tonnes) par rapport à la précédente campagne devait, avec celle de l’Australie (2,15 Mt) et dans une moindre mesure celle de la Russie, compenser la baisse de production en Europe (20,8 Mt) et en Chine (11,8 Mt). Le bilan mondial cumulé du colza et du canola, qui apparaissait déjà tendu selon les prévisions de fin mai, pourrait continuer à se compliquer si la production canadienne venait à diminuer significativement. Le cours du colza sur le marché français réagit en sympathie avec le marché canadien. La réaction est d’autant plus forte que le taux de change actuel entre l’euro et le dollar est favorable à une hausse du prix de la graine en Europe. Alors que la production européenne est attendue inférieure à la trituration pour la troisième année consécutive, les utilisateurs vont se retrouver face à une graine d’importation libellée en dollar qui risque d’être trop chère. L’enjeu sera également d’éviter que la graine intérieure ne s’exporte hors de l’Union européenne. Un équilibre de prix qui peut s’avérer délicat à trouver. La fin de campagne 2009-2010 apparaît elle-même bien difficile.
En soja, annulations ou report de navires vendus à la Chine, hausse des estimations de la production brésilienne par l’USDA (69 Mt), avancée satisfaisante des semis aux États-Unis avec des premières notes sur l’état des cultures prometteuses… Malgré cette avalanche de nouvelles baissières, les cours du soja à la Bourse de Chicago résistent. La faiblesse du stock de report aux États-Unis, la vente, à la Chine, de 40 000 t d’huile en provenance des USA et les perspectives de consommation intérieure chinoise contribuent au maintien des prix.