Les exportations françaises vers les Etats-Unis stoppées net
Les viandes françaises seraient moins sûres que les viandes américaines. C’est l’argument surprenant avancé par Washington pour justifier sa suspension des importations de produits de viandes français (charcuteries, foie gras…). « Nous avons trouvé des problèmes récurrents dans les usines certifiées pour les exportations », a indiqué un porte-parole des services d’inspection vétérinaire américains, Steven Cohen. « 11 usines ont été visitées du 15 janvier au 5 février par une mission vétérinaire américaine et l’examen a débouché sur la radiation de trois d’entre elles pour des raisons sanitaires. Ces usines fabriquent des produits transformés à base de bœuf, de poulet, de porc et de canard notamment», a-t-il précisé. Le volume des importations françaises de ce type de produits a atteint 439 t l’an dernier, selon lui.
« La France ne partage ni les constats qui ont été effectués par les autorités américaines, ni les conclusions qu’elles ont cru devoir en tirer, a souligné le ministère de l’Agriculture. La sécurité sanitaire des aliments n’a jamais été mise en défaut par les directions départementales des services vétérinaires territorialement compétentes qui assistaient à ces inspections ». Ce genre de suspension n’est « pas très fréquente », a reconnu le porte-parole américain, en soulignant que le dernier pays visé par une interdiction d’importation avait été la Hongrie le mois dernier. Il a assuré qu’il n’y avait aucun lien avec la décision de Bruxelles de suspendre les importations de tous les oiseaux vivants et les œufs en provenance des Etats-Unis (lire l’essentiel).
Des exigences spécifiques
Dès la fin de la mission américaine en France, et en concertation avec le commissaire européen David Byrne, le ministre Hervé Gaymard a « multiplié les contacts avec les autorités américaines pour rechercher un constat partagé de la situation et des solutions propres à satisfaire les attentes de chacune des parties», a-t-on précisé rue de Varenne. C’est « dans ce contexte » qu’une mission de haut niveau s’est rendue lundi à Washington « afin de présenter à l’administration américaine l’état des actions entreprises depuis plusieurs mois par la France pour répondre aux exigences spécifiques du dispositif national américain», a ajouté le ministère de l’Agriculture.
Le foie gras français avait déjà souffert du contentieux franco-américain autour de l’Irak. Il pâtissait aussi des mesures prises contre le bœuf aux hormones par l’UE, les douanes américaines lui ayant imposé en représailles des droits de douane de 100 % le 1er juillet 1999. Selon le Cifog, les Etats-Unis n’achetaient plus, fin 2003, que 20 t par an de foie gras, contre une cinquantaine il y a quelques années.