« Les délais d’obtention des signes de qualité seront réduits »
Les Marchés : En octobre 2003, vous aviez demandé dans l’avis 45 du CNA plusieurs avancées sur le développement des signes d’identification de la qualité et de l’origine des produits agricoles et alimentaires, nationaux et communautaires. Quelques jours après l’adoption de la Loi d’orientation agricole par les députés, quel est votre sentiment global sur le sujet ?
Philippe Guérin : Bien que l’article 23 du texte (relatif aux modes de valorisation, ndlr) reprenne plusieurs de nos propositions, pour le moment il est difficile de se prononcer réellement sur la portée de cette loi. Il va falloir attendre l’examen par le Sénat, et surtout les ordonnances qui fixeront les modalités pratiques, pour les différentes catégories de SIQO. Par contre, la création d’un institut de la qualité et de l’origine va dans le bon sens. Cette fusion de la CNLC et de l’Institut national des appellations d’origine contrôlée va, j’espère, déboucher sur quelque chose de positif. Il est impératif que l’INAO change, pour avoir un rang international.
Les Marchés : Le Conseil national de l’alimentation réclamait déjà il y a deux ans une « évolution » de la CCP, et proposait que ne soient mentionnées sur les étiquettes que les caractéristiques communicantes suffisamment parlantes. Avez-vous le sentiment d’avoir été entendu ?
Philippe Guérin : Le problème de la certification de conformité produit est que personne n’a voulu mettre en œuvre les moyens pour assurer sa reconnaissance vis-à-vis du grand public. Elle a au moins permis de fidéliser les relations entre les acheteurs et les fournisseurs des grandes surfaces, mais elle doit composer avec beaucoup d’autres référentiels. La grande distribution a toujours des exigences supplémentaires, c’est une véritable fuite en avant qui n’est pas favorable à la certification de conformité produit. D’un autre côté, certaines filières se sont servies de la CCP en période de crise notamment dans le secteur de la viande. Et cela a plutôt bien marché, comme le montre la filière bovine. Car le consommateur a besoin d’avoir confiance. Je pense que l’on a besoin d’outils comme les SIQO, pour donner une crédibilité au grand public ou aux professionnels. Mais encore une fois, il est difficile de se prononcer en l’état actuel des choses sur l’avenir de la CCP, bien qu’elle soit inscrite dans les modes de valorisation.
Les Marchés : Il est fréquent d’attendre plus de 5 ou 7 ans pour obtenir la réponse finale lors d’un dépôt de dossier pour un SIQO. Le couplage entre signes européens et français, source d’allongement des délais, n’a pas été abordé. Est-ce préjudiciable ?
Philippe Guérin : Sur ce point-là, le ministère, via la DPEI, nous a déjà fait savoir que le découplage entre signes français et signes européens sera rendu possible. Cela devrait réduire les délais d’obtention des signes, mais cela ne doit pas occulter certains points. Car certaines filières n’ont pas de réelle orientation stratégique lorsqu’elles déposent un dossier. Ce n’est pas assez souligné, et explique pour certaines les délais rallongés. Il ne suffit pas de partir tête baissée dans une demande, ce que d’après moi font certains produits.