Les cours restent très soutenus
Outre-Atlantique, les cours du soja se dépréciaient marginalement lundi à la Bourse de Chicago en séance électronique de préouverture, dans l’attente de quelques pluies annoncées dans les régions productrices de maïs et de soja. Dès mardi le marché repartait en légère hausse. Vendredi, les cours avaient nettement progressé avec l’annonce de nouveaux achats de graines oléagineuses par la Chine qui pourraient s’élever à 500 000 tonnes.
La fermeté du soja reste alimentée par la faiblesse des productions sud-américaines. Ainsi, le ministère argentin de l’Agriculture a évalué sa production nationale à 42,9 millions de tonnes (Mt), contre 44 Mt précédemment et 45 Mt estimées par le département américain de l’Agriculture (USDA) dans son dernier rapport.
Les fondamentaux restent porteurs. « L’état des récoltes de soja en Amérique du Sud devient préoccupant », écrivaient les spécialistes il y a déjà trois mois. Depuis, les conditions climatiques ne se sont pas améliorées et les estimations de récolte n’ont cessé de baisser. Au total pour l’hémisphère sud, nous sommes aujourd’hui à 20 Mt en deçà de la précédente récolte en 2011.
Avec une production mondiale 2011-2012 évaluée seulement à 240 Mt, voire moins, c’est au minimum 25 Mt de disponibilités de moins que l’an passé. Face à une chute de l’offre de cette ampleur, il y a de fortes chances que les stocks se contractent rapidement.
Il est donc logique que le mouvement de hausse des prix qui s’est amorcé fin décembre se soit fortement accéléré pour les graines comme pour les produits. Alors que la campagne actuelle va s’achever sur des stocks de report réduits, celle qui va suivre s’annonce d’ores et déjà tendue.
Dépendance croissante du marché vis-à-vis du soja américain
L’effondrement des ressources disponibles en Amérique du Sud va accroître la dépendance du marché mondial vis-à-vis du soja américain. Beaucoup comptent sur une augmentation des surfaces aux États-Unis et espèrent qu’ils obtiennent de bons rendements pour la récolte 2012. Or les semis de maïs, concurrent direct du soja pour l’occupation des terres arables, ont démarré très tôt cette année. Il faudrait que les cours du soja se raffermissent encore davantage face au maïs pour convaincre les farmers de revoir leur plan de semis en faveur du soja.
Du côté de la demande, la concurrence est rude entre les consommateurs qui sont tous contraints de se rationner, au moins jusqu’à l’arrivée de la nouvelle récolte. Tous sauf la Chine, premier consommateur mondial d’oléagineux, qui, dès le début de l’année, a accéléré ses importations de graines de soja. Au-delà de son besoin immédiat pour répondre à la croissance de la demande locale, notamment celle des tourteaux riches en protéines très prisés par l’alimentation animale, elle semble avoir adopté la stratégie de constitution de stocks de réserves, dans ce climat d’incertitudes sur l’offre pour les prochains mois.