L'éleveur, pivot d'une politique de reconquête
> Christophe Labour, président de la section avicole de la FRSEA des Pays de la Loire, au congrès de la CFA 2014.
Le congrès de la Confédération française de l'aviculture (CFA), qui s'est déroulé les 29 et 30 octobre à Orvault (44), a oscillé entre constats amers et perspectives plus souriantes. La part de poulets importés consommés en France, 40 %, a focalisé l'attention. « On n'y croyait pas, on ne le voyait pas », a même lancé Denis Lambert, président-direc-teur général de LDC, lors d'une table ronde sur la vision de la filière avicole à cinq ans. Un tableau noirci par la fin des restitutions pour le poulet export. Reste que la filière avicole a devant elle des perspectives favorables. La viande de volaille est de plus en plus consommée à travers le monde, moins chère à produire que les autres, et ne souffre pas d'interdits religieux. La CFA estime que pour tirer profit de cet environnement, la filière avicole française doit s'appuyer sur « l'éleveur, pivot incontournable d'une politique de reconquête ». Tel est le thème du rapport d'orientation présenté aux congressistes par Jean-Michel Schaeffer, administrateur de la CFA. Afin de redonner de la compétitivité aux éleveurs, le document appelle à « une politique ambitieuse de renouvellement » des bâtiments. Du fait de l'insuffisance de revenus, mais aussi d'un manque de visibilité sur la pérennité des exploitations, l'outil de production est vieillissant. L'âge moyen des bâtiments en volailles de chair est de plus de 22 ans. « En Belgique, il est de 10 ans », a témoigné Patrick Vanden Avenne, expert européen, insistant sur les performances techniques de la filière avicole du Benelux, engagées dans « l'intensification durable ».
Modernisation des bâtiments : 1 milliard d'euros sur 6 ansComment l'aviculture française peut-elle rattraper son retard ? Christophe Labour, président de la section avicole FRSEA Pays de la Loire, a réclamé « un appui des pouvoirs publics pour alléger les contraintes administratives », en particulier les délais d'instruction des demandes d'installation de nouveaux poulaillers. La CFA estime que 60 % du parc de bâtiments en volailles de chair est à moderniser, soit 5,5 millions de mètres carrés, ce qui nécessiterait un investissement de 165 millions d'euros par an sur six ans. Consciente des moyens limités de l'État et des régions, la CFA a imaginé des solutions de cautionnement extérieur d'une partie de l'autofinancement des éleveurs. « Compte tenu de l'importance que représentent les productions avicoles comme débouchés pour les céréales et les oléoprotéagineux, nous proposons à Uni-grains et à Sofiprotéol d'étudier
“Nous proposons à Unigrains et à Sofiprotéol d'étudier des mécanismes de soutien
” avec nous des mécanismes de soutien à l'investissement en aviculture », a précisé Jean-Michel Schaeffer. La CFA entend aussi conforter les relations entre les partenaires de la filière. Il faudra pour cela « moderniser » les politiques contractuelles, a estimé son président, Michel Prugue. La CFA souhaite qu'un éleveur performant techniquement, qui apporte à l'abattoir les produits demandés par les marchés, soit mieux rémunéré. Parmi les pistes à creuser, la CFA propose une contractualisation plus formalisée avec des engagements sur des volumes et des dates de livraison, la prise en compte d'indicateurs de qualité dans l'établissement des prix et un meilleur partage de l'information technique. Th. Goussin
Insuffisant au regard des besoins, le renouvellement du parc des bâtiments volailles est néanmoins reparti sur une dynamique positive depuis 2011. Le taux de construction, selon les chiffres de l'Itavi, s'est inscrit à 2,1 % en 2012, alors que le taux de disparition s'est stabilisé à 1,3 %. Le parc national s'est donc développé de 0,8 %, après une période de fort
recul entre 2003 et 2007. Le taux de rénovation des bâtiments, proche de 10 %, a battu un record. L'amélioration a concerné en 2012 les principales régions de production avicole. La Bretagne s'est rapprochée de l'équilibre, les Pays de la Loire se sont stabilisés, tandis que le parc des régions Aquitaine et Rhône-Alpes a progressé de 2 %.