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Gros bovins
L’élevage allaitant en perte de vitesse

La décapitalisation d’allaitantes s’accélère et le nombre d’éleveurs recule, notamment à cause des départs en retraite et de la difficulté de créer de nouveaux ateliers.

La dynamique allaitante à l’œuvre dans les régions françaises est « inquiétante », jugeait Hélène Fuchey, chef de projet économie et politiques de la filière viande bovine à l’Institut de l’élevage (Idele), lors de la conférence Grand Angle Viande en décembre 2019. De décembre 2016 à décembre 2018, le troupeau français a connu un important mouvement de décapitalisation avec un recul de 4 % du cheptel de vaches allaitantes (soit une baisse de 151 000 animaux).

Ce repli s’est accompagné de celui du nombre de détenteurs (de plus de 20 vaches allaitantes), ils n’étaient plus que 58 400 à fin 2018, contre 67 600, dix ans plus tôt. Une érosion qui s’accélère. Entre 2007 et 2015, la baisse était de l’ordre de 800 détenteurs par an. Depuis 2016, elle est de 1 500 détenteurs en moins chaque année. La pyramide des âges des éleveurs d’allaitantes explique cette chute. Près de la moitié des vaches est détenue par des éleveurs qui ont entre 50 et 60 ans. Cette classe d’âge représente 55 % des effectifs des détenteurs de vaches allaitantes.

Des évolutions contrastées selon les régions

Les créations d’ateliers d’allaitantes, spécialisés ou mixtes, s’érodent, et ne parviennent plus à compenser les arrêts. D’autant plus que jusqu’en 2013, les exploitations d’allaitantes qui le restaient avaient tendance à gagner des vaches, mais depuis, « elles en perdent », révèle l’Idele.

L’institut s’est intéressé aux dynamiques à l’œuvre dans différentes zones géographiques. Par exemple, le nombre de détenteurs baisse fortement dans les Ardennes et en Vendée. La baisse est aussi forte dans les bassins limousins et charolais. À l’inverse, en Lozère et dans le Cantal, il y a peu de pertes d’exploitations, et elles ont tendance à gagner des vaches.

Le manque de rentabilité, un facteur clé

Le changement d’équilibre économique des élevages explique ces évolutions. Les éleveurs cherchent à limiter leurs charges, par exemple en étant autosuffisants sur l’alimentation du troupeau, ce qui peut les conduire à diminuer leur nombre de vaches, d’autant plus avec les récentes sécheresses. Ils sont à l’affût d’autres sources de revenus, comme le photovoltaïque ou les ateliers volailles.

Ces diversifications sont plus faciles dans certaines zones, comme la Vendée. Avec un faible taux de chômage, les jeunes vendéens sont aussi tentés de choisir un autre métier. Dans les Ardennes, ce sont les productions végétales qui attirent. Mais en Lozère, où l’on peut difficilement faire pousser autre chose que de l’herbe et où il y a peu d’opportunité d’emplois, la donne est différente. Comme les éleveurs sont souvent attachés à leur territoire et passionnés par le métier, l’élevage d’allaitantes résiste.

Quant à la création de nouveaux ateliers, elle est difficile. Les capitaux nécessaires sont très importants, la trésorerie doit suivre pour attendre les premières productions, et la rentabilité est incertaine en cette période de crise, ce qui empêche les postulants de se projeter. La charge de travail est aussi un frein à l’installation. Par ailleurs, plus l’élevage d’allaitantes recule dans une zone, plus les éleveurs se sentent seuls et remettent en question leur orientation.

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