Exportation
Le yaourt longue conservation a du potentiel
Alors que la croissance des exportations européennes de produits laitiers ralentit, le marché du yaourt longue conservation semble prometteur.
En France, la réglementation définit strictement l’usage du mot yaourt et le réserve à des produits ensemencés avec trois bactéries lactiques qui doivent se retrouver vivantes dans le produit consommé. Les produits laitiers ayant subi un traitement thermique après la fermentation, tuant les bactéries, n’ont plus le droit à l’appellation yaourt, mais sont considérés comme « des laits fermentés ayant subi un traitement thermique après fermentation ».
Néanmoins, la réglementation diffère de par le monde et l’on peut retrouver ces produits sous les termes « yaourt longue conservation » ou « ambiant yoghurt » sur les étals d’Asie, du Moyen-Orient et d’Afrique, où ils peuvent se conserver 9 à 12 mois à température ambiante. Ils se présentent brassés en pot ou à boire, et peuvent être consommés réfrigérés ou non, en fonction des préférences du consommateur qui varient selon les continents.
Une demande en plein essor
Les consommateurs ont vite été séduits par les atouts de ce produit. Ils sont très stables quelles que soient les conditions de stockage, ne risquent pas de rupture de la chaîne du froid, ce qui est un atout dans certains pays africains par exemple. Ils répondent aux exigences de praticité et sont des produits nomades.
Les yaourts longue conservation à boire sont apparus sur le marché chinois en 2010 et le succès a été immédiat pour cette raison. Les consommateurs, notamment en Asie et au Moyen-Orient, les perçoivent comme des aliments bénéfiques pour leur santé, malgré l’absence de probiotiques vivants et la présence d’additifs. Ces derniers permettent de garder une consistance stable, sans séparation du petit-lait et une texture satisfaisante en bouche. La fermentation initiale permet à des populations peu tolérantes au lactose de les consommer. La texture est même jugée meilleure que celle des produits frais dans des panels consommateurs réalisés dans plusieurs pays.
Le marché mondial du seul yaourt longue conservation à boire est estimé à 12,5 milliards d’unités par an, selon Tetra Pak.
Un débouché pour l’export européen
Pour les industriels, ces produits offrent de nouvelles perspectives, notamment vers les zones rurales ou difficiles d’accès où des produits frais ne pourraient être acheminés. Ils permettent aussi des économies d’échelle par une production massive, la DLC n’étant pas un problème.
Le taux de pénétration de ces yaourts est encore très faible, ce qui laisse de belles perspectives de croissance de ce marché, selon Dupont. La Chine, la Thaïlande, le Vietnam, le Koweït et le Cameroun sont les principaux amateurs. Les yaourts aromatisés ou aux fruits sont particulièrement appréciés. Cet été, la compagnie chinoise Yili a ainsi lancé, en collaboration avec Tetra Pak, le premier yaourt à boire avec des gros morceaux de fruits et des céréales.
Plusieurs groupes français sont déjà présents. Bel a ainsi lancé une gourde longue conservation aux Philippines en décembre 2017, Lactalis est présent avec sa marque Lactel avec des pots aux morceaux de fruits en Arabie saoudite, ou encore Savencia avec Elle & Vire, qui met en avant l’origine France sur ses pots.