Le virage de la réforme
La restructuration rapide du secteur agricole ces dernières années devait bien finir par aboutir un jour à la réorganisation des structures qui gravitent autour de lui. Le sujet n’est plus tabou dans le monde agricole, comme en témoigne le titre du rapport d’orientation 2004 des Jeunes agriculteurs qui proclame que « la refonte des services est une nécessité pour l’avenir des paysans ». Selon les JA, on compterait ainsi un salarié dans les services pour... moins de cinq agriculteurs. Le réalisme économique a déjà enclin les entreprises à anticiper le mouvement avec la création de Coop de France, destinée à rationaliser les structures du mouvement coopératif. Et le raisonnement qui prévaut pour les services est en train de s’imposer dans l’administration. Le gouvernement a fait son choix: création d’un organisme central pour le paiement des primes PAC, rassemblement des offices en trois grandes entités, regroupement probable des services d’observation des marchés, etc. Certes, les impératifs strictement budgétaires ne sont pas étrangers à cette politique; certes, les protestations des personnels des offices agricoles sont compréhensibles, compte tenu du peu de concertation qui prévaut à cette petite révolution ; certes enfin, la redistribution des cartes comporte le risque d’une modification du poids respectif des filières dans les offices et porte en elle un risque de concurrence accru entre les productions. Mais les faits sont là : en 30 ans, le nombre d’actifs agricoles a fondu pour atteindre aujourd’hui officiellement 600000 et même 400000 actifs réels à plein-temps. Comment l’économie réelle de l’agriculture ne pourrait-elle pas prendre en compte cette donnée?