Le système des IGP/AOP menacé par leur prolifération
Lundi dernier, les opérateurs européens sous indications géographiques étaient conviés à une conférence pilotée par l'Institut du commerce extérieur (ICE) Italien et l'Association italienne des consortiums d'indications géographiques (AICIG), pour examiner les propositions de la Commission européenne en matière de Livre vert (lire nos éditions précédentes). Plusieurs sujets étaient à l'ordre du jour et parmi ceux-ci, la création d'un Label européen et la montée en puissance inquiétante du nombre d'IG européennes.
Concernant les AOP et IGP, la Commission estime à 3000 environ (vins compris) le nombre d'Indications Géographiques existantes. « Nous faisons face à une prolifération des appellations, a remarqué Giuseppe Liberatore, président de l'AICIG. Il y a un risque de banalisation du système et il est important de trouver des solutions à ces risques. Peut-on comparer une appellation telle que le fromage Parmigiano Reggiano qui est une des 20 marques les plus connues au monde et le citron de Sorento, qui est une production confidentielle ? Il est nécessaire d'avoir une réponse graduée en fonction des volumes de chaque indication». Les plus grandes AOP et IGP mettent en avant le fait que la vocation de ces indications est de progresser en volumes, voire de fournir à l'export sur des marchés internationaux. D'où la nécessité de protéger leur dénomination.
« Les IG font partie intégrante du système de la propriété intellectuelle, poursuit Pier-Maria Saccani, secrétaire général de l'association. Dans la propriété intellectuelle, il existe des marques et des brevets. Ne pourrait-on pas imaginer d'appliquer un système identique, adapté à chaque cas, géré par les Etats membres et qui dans le cas de production importante, serait transmis à la Commission européenne? D'autre part, ne serait-il pas normal que les groupements de producteurs aient la possibilité de gérer leurs volumes ? »
Peu d'enthousiasme pour le « Label européen »
Concernant le Label européen, Daniele Bianchi, membre du cabinet de Mariann Fisher Boel a réexpliqué tout l'intérêt que portait la Commissaire à l'Agriculture à ce dossier. « Mariann Fischer Boel estime que les produits européens sont très qualitatifs par rapport aux autres produits et qu'il faut le faire savoir. « Qualité, Qualité, Qualité » sont ses maîtres mots, a martelé le conseiller. Mais si la Commission reste persuadée que la solution passe par ce label, ce n'est ni la position de l'AICIG, ni celle de la Fédération des industries alimentaires italiennes qui considèrent qu'il serait « inutile et coûteux et qu'il affaiblirait le système des AOP et IGP »
David Thual, directeur du cabinet Insight Consulting, présent à la table de conférence, a quant à lui rappelé l'importance de mettre en place la protection « ex officio » obligeant les Etats membres à contrôler et intervenir pour faire cesser les irrégularités du système. Le consultant a salué le système AOP et IGP, tout en remarquant qu'il était victime de son succès et qu'il ne fallait pas opposer marques et IG qui « marchaient ensemble ». Il a également évoqué le risque que certaines IG n'émanent que « de volontés politiques pour faire plaisir aux producteurs aux dépens du caractère spécifique du produit. Il faut plus d'Europe pour contrebalancer ce risque ». Il a aussi renouvelé sa demande de création d'une agence européenne, semblable aux autres agences existantes, qui permettrait de régler la relation entre les marques et les IG.