Le soja rétrograde, le colza s’essouffle
Le complexe oléagineux marque le pas. En soja, les bonnes récoltes sud-américaines font pression et les semis nord-américains débutent bien. Côté européen, un accident industriel à Mannheim et la faiblesse des places financières poussent le colza à la baisse.
Le marché du soja est sous pression. Celle tout d’abord de l’excellente récolte sud-américaine qui se confirme et qui s’achève presque au Brésil sur une moisson de 68 millions de tonnes, alors qu’elle se poursuit et devrait atteindre 54 millions de tonnes en Argentine. Pression ensuite de l’avancée des semis de soja aux États-Unis où ils sont en avance et sont réalisés à hauteur de 15 % contre 5 % l’année dernière à la même époque et 8 % en moyenne à cette époque sur les cinq dernières années, selon le département américain à l’Agriculture (USDA). Cet « effet récolte » se conjugue avec la vigueur du dollar qui ne favorise pas la sortie de marchandises américaines. Si l’on ajoute à cela la discrétion des clients chinois cette semaine, on obtient un climat baissier.
La graine de colza accuse le coup
Le colza est également dans une spirale baissière, mais pour des raisons différentes.
L’usine de trituration de Bunge à Mannheim a été victime en début de semaine dernière d’un incendie de sa chaîne de production. Elle devrait rester fermée pour une période d’environ trois mois. Ainsi, ce sont entre 150 000 et 200 000 tonnes de graines, selon la durée de l’interruption, qui ne seront pas consommées. Le marché de la graine a accusé le coup. Mardi dernier, le contrat mai 2010 d’Euronext a cédé 18,5 euros avant de se ressaisir mercredi.
À quelques jours de l’échéance du contrat, l’accident de Mannheim a modifié les stratégies de ceux qui détenaient encore des lots. Alors que le marché « s’enflammait » à la hausse encore la veille, la baisse a pris les opérateurs par surprise… Les basses eaux sur le Rhin, habituelles à cette période de l’année, compliquent la donne. La grève des bateliers qui bloquent les canaux du nord de la France depuis quelques jours et commence à paralyser également la Moselle ajoute à la confusion. Le marché physique retient son souffle et les professionnels préfèrent attendre d’avoir un peu plus de lisibilité avant de réaliser de nouveaux contrats sur cette fin de campagne. Face à cette agitation, la stabilité des contrats nouvelle récolte fascine. Les primes frémissent et s’améliorent de un euro à Rouen comme sur la Moselle, pour des livraisons à partir d’octobre 2010.
Comme bien souvent, le malheur des uns fait le bonheur des autres. L’arrêt brutal de l’usine génère une baisse
de la demande en graines et une diminution de l’offre en huile et en tourteaux. Les triturateurs concurrents bénéficient d’un report de la demande. L’impact est surtout frappant sur le marché des tourteaux, qui se trouvait déjà dans un contexte de tension sur le rapproché. Le prix flambe au départ des usines du Rhin et des magasins belges. Les usines françaises en profitent pour suivre la tendance.