Le lys et l’aigle
Lors de la dernière assemblée de la CFA, j’étais au milieu de la table ronde qui traita de la création d’une interprofession nationale volailles de chair. L’idée est bonne, à coup sûr, et les crises à répétition dans ce secteur ne peuvent qu’apporter de l’eau au moulin de ceux qui souhaitent sa création. On mesurait pourtant, dans les silences et les contournements de certains, à quel point créer des structures de cette nature est difficile sans un profond bouleversement des habitudes et sans une remise en cause des petits territoires de pouvoir des organisations existantes. Je soulignais que, pour aboutir, il faut en général qu’un homme ou un petit groupe d’hommes soudés saisissent l’occasion d’une crise pour créer le choc initial. Ce fut vrai jadis pour les céréales, pour la betterave, naguère pour le lait ou la viande bovine. J’ignore s’il en va de même dans les autres pays, mais ici les comportements des milieux professionnels reproduisent un peu (beaucoup ?) ceux du monde politique. De Hugues Capet à Napoléon, le principe est bien établi : quand la manière forte est fondatrice, le règne est légitime.