Volaille
Le foie gras français veut sortir du gouffre
En France, la filière foie gras est durement touchée par la grippe aviaire. L'interprofession entend sortir de cette impasse, notamment, en prenant en compte les enseignements de 2022. Toutefois, des incertitudes demeurent. C'est le cas au grand export avec le cas du Japon, premier débouché de la France, qui s’oppose à la vaccination.
En France, la filière foie gras est durement touchée par la grippe aviaire. L'interprofession entend sortir de cette impasse, notamment, en prenant en compte les enseignements de 2022. Toutefois, des incertitudes demeurent. C'est le cas au grand export avec le cas du Japon, premier débouché de la France, qui s’oppose à la vaccination.
« La filière [foie gras] est confiante mais prudente et responsable pour une reprise sereine de la production », a déclaré Eric Dumas, président du Comité interprofessionnel des palmipèdes à foie gras (Cifog), mardi 18 avril à l’occasion d’une conférence de presse. En France, près de 1 400 foyers ont été touchés par la grippe aviaire en 2022. Sur les 21 millions de volailles disparues, 3,8 millions étaient des canards. De plus, 6 millions de canards n’ont pas été mis en place. La production de foie gras a donc baissé de 33 % entre 2022 et 2021.
Cette année 2023, « le niveau de production restera limité, en raison du manque de canetons, et le retour à la normale n’est pas attendu avant l'automne. Des mesures de prudences que les professionnels souhaitent s’imposer au cours de l’hiver prochain », a précisé le président du Cifog. En effet, sur les deux premiers mois de 2023, la production a reculé de 23 % par rapport à la même période en 2022.
Cependant l’interprofession se réjouit qu’aucun cas de grippe aviaire n’a été détecté en France depuis le 4 avril sur la faune sauvage et depuis le 10 mars en élevage. Le plan Adour a redonné confiance à la filière, malgré l’absence d’indemnisation pour tous.
Elle espère également la mise en place de la stratégie vaccinale attendue à l’automne 2023. Vacciner un canard coûtera entre 1 et 6 euros. « La densité de la zone à surveiller explique les écarts de prix », a indiqué Marie Laborde, ingénieure au Cifog.
Vacciner 6 mois dans l’année pour se maintenir à l’export
Au grand export, la situation pourrait évoluer. Le Japon, premier acheteur de foie gras français, hors pays-tiers, s’oppose à la vaccination des canards pour lutter contre la grippe aviaire.
« Le Cifog veut négocier en bilatérale avec les pays réticents à la vaccination. Nous ne souhaitons pas attendre que la question soit traitée à l’échelle des grandes organisations », a tranché Eric Dumas. Les professionnels demandent une suspension de la vaccination durant 6 mois du 15 avril au 15 octobre, soit hors des périodes à risque afin de se maintenir au grand export.
L'an dernier, la balance commerciale française du foie gras est restée positive en valeur à 8 millions d’euros. Cependant, elle a perdu 30 millions d’euros par rapport à l’année précédente. Les exportations ont légèrement diminué en valeur (-1 %), car la rareté des produits a entraîné des hausses de prix conséquentes, + 38 % en foie gras cru et + 16 % en foie gras préparé. En volume, les exportations ont chuté de 25 % en cru et de 19 % en préparation. Du côté des importations, elles ont augmenté de 87 % en cru et de 47 % en préparé sur un an en valeur pour atteindre un total de 71 millions d’euros. A l’inverse, elles ont diminué en volume de 8 % en cru et de 1% en préparé.
Des campagnes de communication nécessaires
En France, l’interprofession du foie gras mise sur des rencontres dès juin à destination des restaurateurs et distributeurs « pour présenter et expliquer la sécurisation du redémarrage de la production et présenter les perspectives pour les prochaines années ». Par ailleurs, le Cifog soutient, notamment, la nouvelle édition du Challenge Foie Gras des Jeunes Créateurs culinaires sur le thème du burger chic et magique.
Des professions du foie gras compte également ouvrir leur élevages et entreprise aux consommateurs lors des Journées du patrimoine 2023. L'interprofession juge ces campagnes nécessaires.
Les enseignements de la saison festive 2022
En effet, le manque de produit devrait de nouveau se faire sentir lors des fêtes de fin d’année 2023. Sur la saison festive 2022, le recul des ventes dans la grande distribution a été contenu (-19,2 % en volume, - 2 % en valeur). Face au manque de l’offre, les acteurs ont misé sur les stocks de foie gras en conserve. Leurs ventes ont augmenté de 10,2 % en valeur et de nouveau, la baisse des achats a été limitée en volume (-6,3 %) par rapport à 2021.
Le bloc de foie gras est la préparation qui a eu une baisse moins importante en volume (-5,2 %) en hyper et supermarchés. C'est aussi le seul produit qui a gagné en valeur (+14,7 %) sur la saison festive 2022.
Enfin, les consommateurs se sont tournés vers des plus petits formats, avec un prix unitaire plus faible. En hypers et supermarchés, les achats des tranches de 100 à 299 grammes représentaient 51 % des volumes vendus en 2019, contre 57 % en 2022. À l’inverse, les achats de tranches de 300 grammes et plus sont passés de 47 % en 2019 à 41 % en 2022.
Le foie gras reste un produit de fête. Environ 84 % des Français considéraient ce produit « comme un moyen de partager des moments de fêtes et de plaisir avec leurs proches », selon une enquête Cifog/CSA réalisée en décembre 2022.