Le blé décroche brutalement
Sur le marché intérieur, les utilisateurs se couvrent sans hâte en l’absence de perspective de difficultés pour assurer la soudure entre les deux campagnes. Après quelques jours de calme, les cours ont brutalement décroché mardi.
Période du 25 février au 2 mars. Cette période n’a pas apporté de modifications notables à un marché qui reste dominé par des fondamentaux lourds et qui risquent de le rester longtemps (voir ci-dessous les nouveaux bilans prévisionnels du Conseil international des céréales) L’activité n’est pas absente, notamment en blé, grâce à un bon courant sur le portuaire. Les chargements, à Rouen notamment, ont été importants ces dernières semaines. Les tirages de certificats d’exportation se maintiennent à un rythme respectable, même si la position dominante de la Russie ne se dément pas, comme vient de l’illustrer un appel d’offres irakien dans lequel la Russie s’est encore taillé la part du lion, avec 280 000 tonnes. Elle a certes laissé 100 000 tonnes au Canada mais évincé totalement l’origine US.
Sur le marché intérieur, les utilisateurs se couvrent sans hâte en l’absence de perspective de difficultés pour assurer la soudure. Ils ne font pas, non plus, de pression excessive sur les prix à leur niveau actuel. Les organismes stockeurs pour leur part ne tentent pas de résister et les vendeurs reviennent au marché. On note même une accélération des sorties de lots en ferme. En fait, personne ne semble vouloir ajouter au déséquilibre d’un marché surchargé.
La collecte au 1er février atteint en effet 47,1 millions de tonnes, toutes céréales confondues, contre 44,7 l’an dernier à la même date, et 40,8 millions de tonnes il y a deux ans. Le blé tendre figure à 24,4 millions de tonnes dans ce tonnage, soit 1,1 million de plus qu’il y a un an et 2,6 millions de plus qu’il y a deux ans. La collecte d’orge atteint 9,1 millions de tonnes contre 8,4 l’an dernier et 6,9 en 2007-2008. Celle de maïs, plus proche de la normale, est néanmoins copieuse, avec 10,9 millions de tonnes contre 10,6 millions l’an dernier.
Les stocks chez les collecteurs agréés au 1er février frôlent les 20,8 millions de tonnes contre 16,6 l’an dernier, dont 8,4 millions de tonnes de blé tendre (contre 6,7 il y a un an). Les stocks de maïs s’élèvent à 5,4 millions de tonnes, proches de ceux de 2009. Mais le stock d’orge, avec 5,7 millions de tonnes, surpasse de 2 millions le chiffre de l’an dernier. On conçoit que dans ces conditions, les OS manifestent déjà quelques préoccupations sérieuses à propos du logement de la prochaine récolte. Des questions se posent aussi concernant le stockage d’intervention des orges. Les offres françaises dépassent maintenant les 800 000 tonnes et devraient encore sensiblement augmenter compte tenu des ressources.
Cours stables en blé, plus faibles en maïs
D’une façon générale, les fluctuations de prix sont modérées, que ce soit sur le marché à terme européen Euronext, qui atténue considérablement les mouvements de Chicago, ou plus encore sur le marché physique , pragmatique, qui évolue selon les critères de l’offre et de la demande. Ainsi, le blé était-il stabilisé sur une base moyenne de 112 euros rendu Rouen, avant de décrocher. L’orge fourragère reste embourbée dans la pléthore entre 90 et 92 euros, rendu Rouen, tandis que le maïs subit la lourdeur du marché européen et accuse un décrochage dans un contexte de faible activité commerciale.
Le soja sous la pression du dollar
Côté oléagineux, c’est toujours la hausse du dollar qui influence le marché. Mardi, le prix de la graine de colza cédait du terrain sur un marché européen (Euronext) anticipant un repli des cours du soja en raison de la remontée du dollar.
Le dollar se raffermissait face à l'euro, lequel est tombé mardi à un nouveau plus bas depuis le 18 mai 2009 à 1,3436 dollar, pénalisé par des inquiétudes persistantes sur la capacité de la Grèce à redresser ses finances publiques.
Malgré une situation plutôt tendue en Europe où la demande, notamment allemande, ne faiblit pas, la graine de colza subit la pression du soja. Ainsi à la mi-journée mardi dernier, sur l'Euronext, le colza reculait tandis que la graine de tournesol résistait mieux sur le marché physique, s'appuyant sur des fondamentaux solides (lire ci-contre). Les prix des tourteaux de soja importées sur la Bretagne et libellés en dollars étaient, quant à eux, sans grands changements, la fermeté du dollar compensant le repli du soja sur le marché de Chicago.