Le blé bradé à moins de 148 euros

Dans une précédente chronique, alors que le blé rendu Rouen s'affichait sur le marché physique à 150 euros, nous posions la question de savoir si cette céréale disposait encore d'un potentiel de baisse. La réponse nous est fournie en ce début de semaine, avec un cours tombé à 147,50 euros, dans un marché dépressif, d'une rive à l'autre de l'Atlantique, où même le weather market n'offre pas de soutien. Du continent sud-américain jusqu'en Inde, en passant par le bassin mer Noire, les conditions climatiques évoluent favorablement pour les cultures. En Europe de l'Ouest, particulièrement en France, les craintes de gel tardif sur l'état très avancé de la végétation ne sont pas suffisantes pour supporter les cours. Le suspense entretenu par les tergiversations russes en matière d'éventuelles mesures de freinage de l'exportation devait tomber définitivement à l'heure où nous mettons sous presse, avec l'annonce probable du maintien du système de taxe à l'export (peut-être étendu à l'orge et au maïs), alors que l'autre grand facteur pertur-bateur du marché, le refus d'un bateau de 60 000 tonnes de blé français par l'Égypte, pour cause de présence de traces d'ergot, est bien confirmé. L'affaire se répercute jusqu'à Chicago où l'on s'interroge sur les raisons de la décision égyptienne jusqu'à émettre l'hypothèse qu'elle pourrait avoir pour origine des difficultés financières du Gasc. Les craintes atteignent l'ensemble du marché international compte tenu de l'importance du débouché égyptien. Le résultat d'un nouvel appel d'offres lancé lundi par le Gasc apportera peut-être un éclairage plus précis sur les motivations réelles de l'Égypte. Heureusement, pour le blé français notamment, l'Algérie, pragmatique, profite de la baisse des prix pour multiplier ses appels d'offres. Dans l'Hexagone, la dégringolade du blé devrait stimuler les achats des fabricants d'aliments du bétail.
Maïs : les prix ukrainiens se raffermissentBien que ne connaissant pas le même marasme que le blé, grâce à la demande saoudienne, maghrébine, voire chinoise (brasserie), l'orge s'aligne sur sa tendance baissière du blé, et le maïs n'y échappe pas complètement malgré la résistance dont il a fait preuve jusqu'à présent. Le marché européen du maïs reste dominé par l'Ukraine, mais ses grosses ventes à la Chine et, d'une façon générale, son activité à l'export devrait réduire son offre. Les prix ukrainiens se raffermissent, et le maïs français retrouve un petit intérêt sur le sud de l'Union européenne, complétant les achats de couverture du nord communautaire. Pierre Gautron