Le blé au plus bas depuis cinq ans

La dégradation des cours du blé a encore subi une accélération inquiétante, la semaine 6 débutant sur un nouveau décrochage du contrat mars d'Euronext, de 3 euros, à 153,25 euros. Sur le marché physique, malgré une amélioration des primes (-5 euros) atténuant la volatilité des marchés à terme, les prix sont à leur plus bas étiage depuis cinq ans, et les perspectives de remontée significative sont rares malgré quelques éléments favorables. En particulier la levée des incertitudes concernant les mesures restrictives ou libérales de l'exportation russe (le statu quo l'a emporté) et, surtout la sage décision de l'Égypte de revenir sur sa mesure d'imposer un taux zéro de traces d'ergot dans les chargements de blé importé. Il est probable que le bateau de 63000 tonnes (t) de blé français, bloqué dans le port d'Alexandrie depuis décembre, va bénéficier de cette clémence et, à l'heure où nous écrivons, un nouvel appel d'offres du Gasc va permettre de mieux apprécier la portée réelle de la réouverture du débouché égyptien au blé français. Heureusement, l'Algérie, profitant des bas prix européens actuels, est très présente aux achats. Elle vient d'acquérir 850 000 t de blé dont l'origine serait largement française (90 %, selon Coop de France). Mais les exportations piétinent depuis le début de l'année ; les statistiques douanières, au 1er décembre dernier, dénoncent un retard de 22 % des sorties à destination de l'Union européenne et de 6,5 % des exportations pays tiers. Ce retard, qui s'est sans doute amplifié depuis, confirme les prévisions d'export en baisse du dernier conseil céréales de FranceAgriMer. La remon-tée de l'euro à 1,12 dollar, ne constitue pas non plus, un facteur de dynamisme. Le prochain conseil, le 18 février, devra-t-il revoir encore à la hausse le stock de report pléthorique ?
Le maïs français retrouve de la compétitivité à l'exportLe marché de l'orge a trouvé dans l'Arabie saoudite et le Maghreb de bons relais à la réduction massive des achats chinois et les volumes de certificats d'exportations accordés sont plutôt encourageants. Cependant, l'orge ne peut échapper totalement à la spirale baissière générale du marché céréalier.
La conjoncture baissière aura au moins eu le mérite de redonner au maïs français une compétitivité à l'export, inespérée. Les producteurs ukrainiens résistent à l'érosion de leur monnaie en préservant leurs stocks. La remontée des prix locaux qui en résulte permet à l'origine française de retrouver un débouché aussi bien vers le nord que le sud de la communauté. Pierre Gautron