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Le bel avenir promis au vin bio

Les vins issus de raisins produits en agriculture biologique sont l’une des rares catégories dont la consommation progresse en France. Les producteurs l’ont bien compris et sont nombreux à s’être « convertis » ces dernières années.

Le « vin bio » n’existe pas officiellement, du moins pas encore. La définition officielle de ce type de vin, applicable depuis le 1 er janvier 2005 est « vin issu de raisins produits en agriculture biologique ». Pour parvenir à ce stade, les viticulteurs concernés doivent observer des pratiques respectueuses de l’environnement et en particulier la non-utilisation de traitements chimiques de la vigne. Ils doivent aussi se soumettre à une période de conversion de 3 ans en respectant un cahier des charges rigoureux. Durant cette période, le producteur peut, au bout de 2 ans, mentionner sur ses bouteilles, « vin issu de raisins en conversion vers l’agriculture biologique ». La définition « bio » d’un vin s’arrête à la méthode de culture des raisins, la vinification elle-même pouvant recourir aux procédés conventionnels.

À partir de 2010, cependant, l’étiquetage pourra ne retenir que « vin biologique », la Commission de Bruxelles devant, d’ici là, mettre au point les normes de production et d’étiquetage des produits biologiques, notamment les cahiers des charges. Cette dimension européenne de la législation constituera un facteur positif du développement du vin bio qui semble disposer d’un potentiel d’autant plus important qu’il n’est venu que bien après les autres produits alimentaires (fruits et légumes, produits laitiers, viande…). Il semble d’ores et déjà rattraper rapidement son retard par rapport à ces autres produits. Outre des vignerons indépendants qui constituent en nombre, sinon en volume, la plus grande partie de cette production, des coopératives comme la cave de Rasteau (Côtes du Rhône) se sont aussi engagées dans cette voie. Pour cette cave, l’activité bio se recentre aujourd’hui sur un de ses domaines, château Pisan, mais Alexis Cornu, son maître de chai, considère que la culture raisonnée, qui peut être une alternative à la viticulture bio, voire une étape vers cette production, concernera dans 3 ans l’ensemble des vignerons livrant à la coopérative.

Une sensible expansion du vignoble bio

La progression du vignoble bio a été particulièrement forte en 2007, alors que d’une façon générale la surface consacrée à la vigne régressait. Les cultures en vignes bio représentaient 27 500 hectares en 2007, soit 2,6 % du vignoble national, contre 1,5 % en 2006. La plus importante partie de ce vignoble se situe en Languedoc-Roussillon avec 6 140 hectares, la région Paca suivant avec 5 294 hectares, l’Aquitaine pointant en troisième position avec 3 065 hectares. Viennent ensuite la région Rhône-Alpes, les Pays de la Loire tandis que la Franche-Comté, la Corse et le Centre témoignent d’un dynamisme tout particulier avec des augmentations de 30 à 40 %. Le vignoble de culture biologique va, par ailleurs, bénéficier du plan « Agriculture biologique : horizon 2012 » lancé par le gouvernement en 2007 et dont l’objectif est de tripler d’ici l’année 2012 les surfaces consacrées à ce type d’agriculture.

Ce vignoble était entretenu en 2007 par 1 900 exploitants très impliqués, mais souvent au sein de petites structures. Ce qui traduit une relative atomisation de l’offre qui va se trouver face à une forte concentration de la distribution. Il est donc souhaitable que cette offre recherche aussi son expansion à travers de grands groupes viticoles de taille à répondre à ce débouché appelé à s’élargir. Car, outre la vente dans les chaînes de magasins spécialisées dans la diffusion des produits biologiques, qui se révèlent toutes en phase de développement, les vins bio sont aujourd’hui référencés dans toutes les grandes enseignes, ils trouvent leur place dans les circuits de distribution traditionnels et, de plus en plus souvent, sur les cartes de restaurants.

L’indispensable savoir-faire du vigneron

L’ouverture d’un marché stimulé par l’engouement pour les produits « sains et naturels » semble donc assurer au vin biologique un bel avenir, qu’il lui faudra cependant maîtriser. En particulier par une politique de qualité que ce type de produit rend plus délicate à mener. La compétence et le savoir-faire du vigneron sont beaucoup plus sollicités, du travail de la vigne à la vinification, par l’absence des traitements chimiques. Nous avons fait diverses dégustations de vins biologiques, certains excellents, d’autres à la lisière de l’imbuvable. Et la clientèle peut se montrer d’autant plus exigeante que pour satisfaire son engouement pour les produits « naturels et sains », elle les paie généralement plus chers.

Le vin bio n’échappe pas à ce handicap du prix. Chez Nicolas, le premier prix d’une bouteille bio est de 10,50 euros pour un bordeaux en appellation générique ; dans un supermarché Franprix, entre deux bouteilles de Faugères de qualité gustative comparable, la traditionnelle est affichée à 3,75 euros, la bio à 5,40 euros. Si pour des raisons compréhensibles de charges de production élevées, les vignerons « bio » peuvent justifier leurs prix plus élevés, ils se doivent d’offrir des vins aussi bons que les conventionnels. Le « naturel » n’excuse pas tout.

Sources : étude Xerfi, « Quelles perspectives pour la filière viticole française ? », avril 2009, et documents FranceAgriMer.

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