L’avenir des sociétés de Financière Turenne Lafayette se dessine
Près de six mois après le décès de Monique Piffaut, propriétaire du groupe Financière Turenne Lafayette, les scénarios sur l’avenir de Madrange, Garbit, William Saurin et les autres entités du groupe se dessinent. Point à date sur les futurs repreneurs.
Le 29 mai prochain, le tribunal de commerce de Paris devrait se prononcer sur l’avenir des différentes entités du groupe Financière Turenne Lafayette. Car, comme les salariés le redoutaient depuis la mort de Monique Piffaut, unique actionnaire, le 30 novembre dernier, et l’annonce des comptes truqués quelques jours après, le groupe va bel et bien être vendu par appartements.
En six mois, sous pression de l’État et du Ciri (Comité interministériel de restructuration industrielle), le groupe a fait l’objet de bon nombre d’intérêts. Tout d’abord pour le pôle charcuterie, comprenant Madrange (jambons, pâtés et lardons), Paul Prédault (jambons) et Montagne noire (jambons secs, saucisses et saucissons secs). Alors que Bigard, Fleury Michon ou encore Herta faisaient partie des potentiels candidats à la reprise, c’est finalement Cooperl, partenaire de longue date du groupe Financière Turenne Lafayette, qui a eu les faveurs des dirigeants.
Cooperl pour le pôle charcuterie salaisons
Selon certains, le groupe breton aurait mis sur la table 30 millions d’euros pour acquérir ce pôle et s’assurer de mettre les mains sur des outils industriels et sur trois marques nationales. Cooperl aurait également prévu d’investir 70 millions d’euros pour moderniser les dix sites de production.
Son offre implique « la reprise de la totalité des actifs des sociétés Paul Prédault, La Lampaulaise de salaisons, Madrange, Montagne noire, Germanaud et de l’ensemble des salariés », indiquait le groupe FTL dans un communiqué en date du 25 avril. « Il s’agit d’un projet pertinent sur le plan industriel et socialement responsable, deux critères impératifs dans la sélection des offres », y est-il précisé.
Avant la décision définitive du tribunal de commerce fin mai, Cooperl a d’ores et déjà signé un contrat de location-gérance lors d’une audience le 2 mai dernier, à l’occasion de laquelle le dépôt de bilan a été prononcé afin de lui éviter de reprendre les dettes. Depuis le début du mois de mai, Cooperl est donc seul à bord pour gérer le fonds de commerce du pôle charcuterie salaisons.
Sauf retournement improbable, le groupe coopératif breton devrait donc devenir l’unique propriétaire de ce pôle, certes le moins rentable de l’ensemble Financière Turenne Lafayette, mais qui représente néanmoins 50 à 60 % de son activité en volume, notamment grâce à sa position sur le marché du jambon sous marque de distributeur.
Pastacorp et les pâtes fraîches
Ensuite, les activités pâtes fraîches. Le 3 mai, le groupe Financière Turenne Lafayette annonçait le dépôt d’une offre ferme du groupe Pastacorp, détentrice des marques Lustucru et Rivoire & Carret, concernant les activités pâtes fraîches du groupe Turenne Lafayette Agripole. « Cette offre porte sur la reprise des sociétés Tradition Traiteur et Pâtes fraîches Luison (acquise en avril 2016, ndlr), des SCI correspondantes et de l’ensemble de leurs salariés », précisait la direction dans un communiqué.
Tradition Traiteur comprend une activité pâtes fraîches et une activité quenelles, emploie 113 salariés et est dotée de deux sites de production dans le Rhône et en Savoie. Quant à la société Pâtes fraîches Luison, elle est dotée d’un site de production à Saint-Alban, en Haute-Garonne, et emploie 40 salariés. De la même manière que pour le pôle charcuterie salaison, ces deux entités ont été placées en dépôt de bilan le 2 mai dernier.
L’offre de Pastacorp a reçu l’accord des différentes parties prenantes (pouvoirs publics et banques partenaires) pour être présentée au tribunal de commerce de Paris et sera également examinée le 29 mai prochain.
Les plats cuisinés convoités
Enfin, l’activité la plus rentable du groupe, les plats cuisinés, a reçu plusieurs marques d’intérêt. Selon Le Figaro, avant la date butoir du 15 mai, D’aucy, Raynal et Roquelaure et la société d’investissement LBO France se sont montrés intéressés pour reprendre ce pôle de 1 300 salariés. Selon nos informations, le fonds américain Sandton a déposé une offre en lien avec le redresseur Arnaud Marion. Une cinquième offre porterait sur le groupe Rivière avec un industriel français et un fonds français. À l’heure où nous mettons sous presse, les offres sont toujours à l’examen.
Ce pôle regroupe les marques William Saurin, Garbit, Petitjean, La Belle Chaurienne, Soulié Restauration. Ces offres porteraient également sur les activités CCA Périgord, Julien Mack et celles de pizzas de Som’Baker, acquise par Monique Piffaut en avril 2016. Resterait le cas des salades Géo.
Les trois repreneurs proposeraient entre 65 et 80 millions d’euros, contre 100 à 120 millions d’euros espérés par les vendeurs, toujours selon Le Figaro. Rien que la marque William Saurin a réalisé un chiffre d’affaires de 250 millions d’euros en 2016, en progression de 11 %. Et ce, grâce à un retour négocié au sein des rayons de l’enseigne Système U et au développement de sa gamme en fond de rayon, assure le directeur marketing de la marque Philippe Lalère. De quoi peser dans les négociations. William Saurin fabrique également des marques de distributeurs et réalise de la sous-traitance pour d’autres industriels sur trois sites de production à Lagny-sur-Marne, à Pouilly-sur-Serre et à Rodez.
L’ensemble du pôle plats cuisinés réaliserait un chiffre d’affaires entre 550 et 600 millions d’euros.
William Saurin s’offre une caution gastronomique avec Gault & Millau
Le 11 mai dernier, les équipes marketing de William Saurin et de Gault & Millau présentaient à la presse leur partenariat entamé en novembre 2015. Le travail en commun des équipes recherche et développement de William Saurin et d’un chef choisi par Gault & Millau a donné naissance à une gamme de sept références de plats cuisinés en boîte et en cocotte. Disponibles depuis le 1er avril chez Carrefour, Auchan, E.Leclerc ou EMC, ces recettes ont nécessité un an de recherche et développement et six mois supplémentaires pour la finalisation du projet. Le rapport qualité/prix et la créativité des recettes ont guidé les équipes. « Nous avons sourcé vingt-huit nouvelles matières premières pour créer ces recettes », précise Franck Remblier, directeur R & D de William Saurin. Objectif : « bousculer le marché pour le redynamiser », selon lui.