La Thaïlande veut reprendre le marché du cru
> Niwat Chansiripornchai, spécialiste en pathologie aviaire à Bangkok.
La Thaïlande a beaucoup souffert de la grippe aviaire de 2004, perdant ses volumes d'exportation de volailles crues. Même si les industriels, CP Group et Betagro en tête, ont rapidement ” proposé des gammes de volailles cuites, les volumes ont peiné à redécoller : la production atteignait 1,22 million de tonnes (Mt) en 2003 et s'est contractée à moins de 900000 t en 2004. Il a fallu attendre 2009 pour que la production remonte au niveau de l'avant-crise, soutenue par la croissance de la consommation intérieure. Elle devrait dépasser les 1,6 Mt en 2014, selon l'USDA. Fort des restructurations entreprises au nom de la biosécurité et de la disparition de la quasi-totalité des volailles « fermières », le pays veut revenir dans le marché mondial des viandes crues. Pour Niwat Chansiripornchai, enseignant-chercheur spécialisé en pathologie aviaire à l'université de Chulalongkorn (Bangkok), pas de doute, l'aviculture thaïe est capable de récupérer les volumes exportés en 2003.
“Nous avons beaucoup d'arguments à faire valoir face aux Brésiliens
Nous avons mis en place des esures de biosécurité probable-ent parmi les plus rigoureuses u monde et nous n'avons pas oté de cas de grippe aviaire epuis plus de cinq ans. Nous dis-osons d'un réseau de profession-els et de bénévoles dans tous les illages du pays. Ce réseau a per-is de relayer les informations de récautions lors de l'épidémie, il ous sert également pour remon-er le moindre cas de maladie. »
Le Japon et l'Union européenne comme ciblesLa réglementation permet de saisir les animaux d'un élevage contaminé par un certain nombre de pathologies. « Nous exportions pour 40 000 millions de bahts (monnaie locale, ndlr) de produits de volailles en 2003, à 90 % en cru. En 2009, nous sommes remontés aux environs de 50 000 millions de bahts, à 95 % des produits cuits. Nous sommes donc capables, dans un très court délai, d'atteindre 100 000 millions de bahts », estime-t-il. Les cibles sont bien connues : le Japon qui consomme la moitié des exportations et l'Union européenne (à 43 %). « Nous avons beaucoup d'arguments à faire valoir face aux Brésiliens », conclut le scientifique.
Chez Betagro, le second producteur d'aliments pour animaux de Thaïlande (9 usines, 3 Mt/an à 34 % pour la volaille), la filière export est totalement séparée, avec une usine d'aliments dédiée pour éviter toute contamination croisée (absence de médicamenteux, pas de coproduits animaux) et l'utilisation de solutions techniques (probiotiques, additifs fonctionnels, contrôle des mycotoxines…). Cet aliment livre les fermes intégrées qui obtiennent des taux de conversion alimentaire de 1,56 grâce à sa propre R&D. Le reste de la chaîne est totalement maîtrisé par le groupe. Sa marque S-pure, bien implantée dans les zones urbaines, affiche ses choix qualitatifs (environnement, santé, bien-être animal). Toute l'Asie du Sud-Est s'est mise en ordre de marche pour exporter (vers les Philippines et la Malaisie), et la Thaïlande compte bien rester en tête.