La Région facilite l'achat de proximité
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La Région vient de présenter une politique de développement de l’approvisionnement local dans la restauration. Les moyens financiers seront-ils à la hauteur des ambitions affichées ?
Lors de sa séance plénière du 2 février, le conseil régional des Hauts-de-France a entériné sa politique en faveur de l’approvisionnement local. Intitulée « Je mange local », elle devrait s’articuler autour de quelques axes forts, le tout accompagné d’un plan de communication avec pour slogan « Je mange local… et vous ? » La Région vient de lancer un appel à manifestation d’intérêt qui devrait permettre de recenser les initiatives privées d’ici au 30 mai 2017. Celles-ci pourront servir « de chantiers de préfiguration », car la Région – en lien avec la Draaf – estime qu’elle peut jouer un rôle de facilitateur pour mettre en synergie des projets en diffusant les bonnes pratiques auprès de l’ensemble des opérateurs.
Pour l’instant, la Région n’évoque aucune enveloppe financière pour appuyer sa politique, tout juste souligne-t-elle qu’elle « apportera son soutien aux projets identifiés en fonction des demandes et des moyens alloués ». Néanmoins, certains craignent que l’on ne dépasse pas le stade « des belles paroles ». Dès octobre 2016, la Région avait précisé ses objectifs pour favoriser l’approvisionnement local dans les lycées dont elle a la compétence, et ceci en lien avec les départements. D’ici à 2021, les lycées devront s’approvisionner a minima à hauteur de 70 % de produits locaux dont 10 % de produits bios.
La Région ne part pas de zéro
L’objectif que s’est fixé Marie-Sophie Lesne, vice-présidente du conseil régional chargée de l’agriculture et de l’agroalimentaire, est ambitieux. Pour y répondre, la Région s’appuiera sur les chambres d’agriculture qui devraient disposer d’une seule plateforme Internet pour la mise en relation des 479 producteurs des cinq départements avec les 811 acheteurs de la restauration en substitution des quatre actuelles. Les Hauts-de-France comptent bien mobiliser maires et élus des intercommunalités pour en faire des ambassadeurs du « Je mange local ».
Enfin, la Région va mobiliser les restaurateurs à l’image de Nicolas Gautier, chef étoilé de Lambersart (59), qui défend les liens irremplaçables entre chefs de cuisine et petits producteurs notamment à travers l’initiative « Baladovore », regroupant 180 chefs français et leurs producteurs fournisseurs. Dans une seconde étape, la collectivité prévoit un appui aux producteurs (aides directes aux exploitations), structuration de l’offre et de la demande en facilitant notamment l’engagement des opérateurs d’aval ainsi qu’un appui aux territoires. En voulant doper l’approvisionnement local auprès de la restauration en Hauts-de-France, les élus de la nouvelle Région, depuis janvier 2016, ne partent pas de zéro.
Dès 2013, leurs prédécesseurs avaient créé le Club bio en Nord-Pas-de-Calais qui regroupait les fournisseurs régionaux pour la restauration collective. Les départements avaient également entrepris depuis 2010 des démarches permettant de favoriser les approvisionnements locaux dans les collèges. Ils sont 170 collèges disposant d’une demi-pension dans le Nord (8 millions de repas servis) et 114 collèges dans le Pas-de-Calais.
La finalité de l'appel à manifestation d’intérêt (AMI)
La finalité de l’AMI consiste à stimuler et soutenir les prises d’initiatives en faveur de l’approvisionnement des filières alimentaires en circuits courts et de proximité, en optimisant les pratiques organisationnelles et logistiques entre les acteurs économiques. Parmi eux : les acteurs régionaux de la restauration collective comme Dupont Restauration qui développe des partenariats avec Charlet ou Pruvost Leroy en jouant le rôle de producteur-distributeur logisticien. « On va jouer notre rôle de facilitateur », a précisé le 6 février dernier le directeur général de Charlet, Bruno Gattino. Ainsi, grossistes et acteurs de la GMS, à l’image de Metro, se lancent dans la bataille des approvisionnements locaux. Des initiatives encore trop disséminées et peu coordonnées entre elles, mais que la Région voudrait bien voir se massifier au plus vite.