La demande chinoise soutient les cours
Sous l’influence de l’actualité économique mondiale, les prix des produits oléagineux à Chicago peinent à épouser une tendance claire. En début de semaine dernière, la morosité a été de mise sur le marché des oléagineux américains. Le nuage de cendre a paralysé le ciel européen et plombé le marché du pétrole ; la fraude supposée de Goldman Sachs a inquiété les acteurs des marchés boursiers. Les cambistes ont acheté du dollar, valeur refuge en cas de tempête.
Logiquement, cette hausse du dollar s’est accompagnée d’une baisse des matières premières dans la séance de lundi. Mais, mardi dernier, jour habituel pour les revirements de tendance, les cours sont repartis à la hausse. Au-delà des réactions techniques des marchés à terme, quelques éléments fondamentaux ont émergé. Le climat propice aux semis de maïs fait craindre des changements dans les choix des producteurs. Et certains analystes s’attendent déjà à une augmentation des surfaces cultivées par rapport à l’estimation du 31 mars, avec un peu plus de maïs au détriment du soja.
Un appétit en graines insatiable
La demande chinoise en graine nouvelle récolte surprend le marché et tend à montrer que l’appétit chinois pour les graines de soja est insatiable. De nouvelles affaires ont été faites en fin de semaine dernière en graines US pour la Chine. L’an passé, la sécheresse dévastait l’Argentine et la production sud-américaine s’annonçait bien faible. Les opérateurs anticipaient alors leurs besoins et se tournaient nettement plus tôt que d’habitude vers l’origine nord-américaine. Cette année, l’Amérique du Sud est en train de rentrer une récolte record, la disponibilité en graine semble assurée pour les mois à venir, et contre toute attente, les ventes de soja de la récolte 2010 pour des livraisons à partir de septembre sont déjà deux fois plus importantes que l’an dernier… avec bien sûr la Chine en tête des acheteurs. Elle totalise déjà quasiment 2 millions de tonnes de contrats d’achat de soja US. Dans le même temps, les achats de graines sud-américaines pour des livraisons de mai à juillet restent intenses. Quelle est la motivation des Chinois ? La Chine, qui souhaite importer moins d’huile de soja, se prépare-t-elle à engouffrer des volumes colossaux de graines pour faire tourner les usines nationales ou réagit elle déjà à une sécheresse spectaculaire ? Oil World constate en mars une baisse des importations d’huile de soja, partiellement remplacée par l’huile de colza, l’huile de tournesol et l’huile de palme. La tendance pourrait se poursuivre en avril.
Autre fait marquant : la hausse étonnante du cours des tourteaux à Chicago. Probablement éphémère, ce mouvement traduit un besoin momentané de couverture de ventes export alors que la tendance de la consommation intérieure est morose et le relais des industries brésilienne et argentine est déjà une réalité.