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Filière cunicole
La crise structurelle du lapin accélérée par la Covid-19

Si la consommation de lapin subit une baisse structurelle, la Covid-19 est venue accélérer la tendance et a même induit des mutations dans le secteur. Des changements pourraient se faire sentir à moyen et long terme.

Le coronavirus est venu accélérer la tendance à la baisse structurelle de la consommation et induira des mutations dans le secteur. © D. C.
Le coronavirus est venu accélérer la tendance à la baisse structurelle de la consommation et induira des mutations dans le secteur.
© D. C.

La crise sanitaire mondiale engendrée par le coronavirus a frappé de plein fouet la filière cunicole française. En effet, les mesures de restriction liées à la pandémie auront perturbé tous les circuits. Le « fait maison  » est revenu à la mode pendant le confinement, mais les débouchés en restauration hors domicile (RHD) et à l’exportation ont eux été fortement perturbés.

Une évolution structurelle et conjoncturelle

La baisse structurelle de la consommation de viande de lapin se poursuit en 2020. Toutefois, le repli des achats des ménages estimé à 5,8 % en cumul des 11 mois, selon KantarWorldpanel, reste le plus faible enregistré depuis 2017. L’évolution de la consommation à domicile tend aussi toujours vers des produits plus faciles à mettre en œuvre, plus adaptés en matière de portion et de préparation. Ainsi, les découpes subissent toujours des replis moins marqués que le lapin entier. Par ailleurs, les achats des ménages ont évolué par rapport à la crise sanitaire. D’une part, les supermarchés et hypermarchés ont été moins fréquentés, en raison de leur manque d’accessibilité pendant le confinement. D’autre part, si le e-commerce gagne du terrain, il se développe davantage dans d’autres espèces. Le lapin n’est lui pas très visible dans ce circuit, voire pas référencé. « Une part non négligeable des achats de lapin se fait par impulsion, ce qui est moins fréquent en drive », explique François Cadudal, directeur économie et prospective, lors du webinaire organisé par l’Itavi.

Le e-commerce a aussi conquis un public qui n’était pas habitué à acheter via ce type de canal. Ces acheteurs se trouvant notamment dans la tranche d’âge des 40 à 60 ans sont potentiellement des consommateurs de viande de lapin. « Mais comment évoluera la consommation quand on sait que l’achat de ce produit se fait souvent sous impulsion  ? » s’interroge François Cadudal.

Une autre mutation importante se dessine dans le secteur de la RHD qui représente environ 20 % des débouchés de la filière lapin. L’essentiel des débouchés (environ 2/3 des volumes) se fait sur la restauration collective qui subit, elle, moins de restrictions que la restauration commerciale. Toutefois, le secteur pourrait connaître une évolution structurelle avec notamment le développement du télétravail et un abaissement des densités dans les salles de restaurant.

Chute à l’exportation et d’importants stocks

Les exportations françaises qui pèsent pour 15 % des débouchés de viande de lapin ont chuté de 27 % en volume au cours des 11 mois 2020 par rapport à la même période un an plus tôt selon l’Itavi. Les envois vers les principaux marchés, notamment l’Espagne et l’Italie, ont pâti de la situation sanitaire dans ces pays durement touchés par la pandémie. Le marché européen doit faire face à l’accumulation de stocks de congelés. Si certains abattoirs comptaient sur le marché touristique méditerranéen pendant l’été pour écouler leur marchandise, cela n’a pas été possible. Avec l’accumulation des stocks, l’amont de la filière continue d’ajuster sa production à la baisse.

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